mardi 28 septembre 2010

Put On Your Sunday Clothes

Bonjour à tous,

Je profite de cette chronique pour vous souhaiter la bienvenue sur ce blog, vu que je n’ai pas encore tout compris à l’interface afin de mettre un message d’accueil. Remarquez est-ce vraiment utile ? Ce blog n’a qu’une vocation : vous faire partager mes goûts et mes découvertes en matière de cinéma, de séries, de livre, de bd, et de bien d’autres choses. On ne va pas faire de chichi on est entre nous et vous qui me lisez pour les débuts de ce blog vous devez déjà bien me connaitre (bisous chérie).

Bref ce n’est pas avec ce blog que je révolutionner le monde mais si je vous donne l’envie d’aller voir un film ou de découvrir un livre j’en serais vraiment heureux. J’ai habité la région Parisienne pendant des années ; depuis quelques mois je découvre la ville de Tours et je compte également vous faire partager les différents lieux et les différentes manifestations qui se déroulent dans ma nouvelle ville d’adoption.

Pour l’heure, ce billet (que je vais tenter de rendre hebdomadaire) sera l’occasion de vous faire partager mes divagations et les différentes découvertes que j’ai faites au cours de la semaine. Plutôt que de faire un billet pour chacun, je préfère compiler et vous faire partager tout cela en vrac sans trop réfléchir, en vous balançant mes idées et mes découvertes comme cela se présente dans ma tête.

C’est parti.

Il fais frisquet vous ne trouvez pas ? On sent que l’été est fini, place à l’automne. La saison préférée de ma chair et tendre (toi qui me lis, oui la faute est volontaire [note de la correctrice : bon ben je la corrige pas celle là alors]). Perso c’est pas trop mon cas mais faut reconnaitre que ce temps légitime plus mon caractère de marmotte casanière. Rien de tel que de se poser sur son canapé et siroter un liquide alcoolisé - ou non - tout en bouquinant. En ce moment je découvre un auteur passionnant : Grant Morrison. Cet écossais de cinquante balais a écrit des merveilleuses pages sur les X-men, Batman et bien d’autre super-héros. En 2005 il écrivit une minisérie consacrée à Superman intitulée All-Star Superman. J’en ai lu que quelques numéros à l’époque de la première parution française et j’avais beaucoup aimé bien que je fus assez réfractaire aux dessins de Franck Quitely. Bon si je vous en parle aujourd’hui c’est parce que la bande-annonce de l’adaptation de cette série a été mise en ligne cette semaine, la voilà :


On ne va pas porter un jugement définitif dessus mais personnellement je trouve cela pas très beau et j’ai peur que la série se porte exclusivement sur le duel entre Superman et Lex Luthor alors que l’œuvre originale est beaucoup plus riche que cela. La vraie bonne nouvelle en fait c’est que Panini a annoncé la sortie de l’intégrale de la série pour le mois de février 2011. Voilà un excellent prétexte pour découvrir cet auteur. La série étant considérée comme située en dehors de l’univers classique du personnage, vous n’aurez donc pas besoin de connaitre toute l’histoire de Superman, et vous n’aurez donc aucun mal à vous plonger dedans.



C’est la rentrée pour tout le monde (bien que nous on se casse bientôt en vacances youhouu) et pour les séries. Je ne vais pas vous faire un listing, d’autres sites le font très bien mais je me suis fait la réflexion il y a quelques jours que pour la première fois depuis quelques années, il y avait des nouvelles séries qui m’intéressait grandement et que j’allais les regarder en direct grâce à mon oncle d’Amérique qui vit à Bangor (Maine) et qui m’envoie les enregistrements des épisodes quand ils sont diffusé la bas. C’est qu’on ne plaisante pas avec les experts d’Hadopi. Ces séries sont au nombre de cinq. Tout d’abord Boardwalk Empire qui raconte l’histoire d’un homme d’affaire et d’un vétéran de la Première Guerre Mondiale qui se lance dans l’industrie de l’alcool sous la Prohibition. On doit cette série à Martin Scorsese et Terence Winter. Je pense que j’ai pas besoin de vous présenter le premier, quand au deuxième il vous suffit de savoir qu’il fut l’un des scénaristes réguliers des Sopranos pour comprendre pourquoi la série à un potentiel intéressant. A noter que le pilote est réalisé par Scorsese. 

Le soir de la fête d’Halloween sera également le soir de la diffusion du premier épisode de The Walking Dead. Adaptée d’un comics à succès, la série raconte la survie d’un groupe d’individus après une massive invasion de zombies. Produit par Frank Darabont, le réalisateur des Evadés ou de The Mist, The Walking Dead a tout pour être une excellente série au vu de l’implication de l’auteur de la bd, du cv du producteur et des images et bandes annonces qui circulent sur la toile. Bien qu’appréciant la bd je la trouve trop formatée comme une série TV pour vraiment l’apprécier, son passage sur le petit écran est donc l’occasion à mes yeux pour mieux faire correspondre le fond et la forme. J’espère néanmoins que le scénario de la série aura été travaillé et réservera son lot de surprises aux personnes connaissant la bd. Pour être clair j’espère ne pas avoir un copié/collé mais bien une vrai adaptation osant prendre des libertés scénaristiques afin de bien rythmer la série.



Enfin le début de l’année 2011 sera également le début de la saga du Trône de fer. Saga littéraire tirant son inspiration aussi bien de la fantasy que de l’histoire classique, elle raconte les luttes de pouvoirs entre divers familles et clans dans un monde moyenâgeux où la magie est encore présente. Histoires audacieuses et personnages ambigus sont la force de cette histoire qu’HBO adapte sous l’égide de son auteur George.R.R Martin. Histoire de rigoler un peu je vais surement me lancer dans les sitcoms Modern Family (j’apprécie bien le concept et puis il y a Ed O’neil que l’on connait surtout pour son rôle d’Al Bundy dans la série Marié, deux enfants) et Running Wilde produite par Mitch Hurwitz le créateur de la fabuleuse sitcom Arrested Developement sur laquelle je reviendrais un jour prochain.

Bref je suis bien content parce que ca me manquait de ne pas suivre des séries en direct. Il y a une espèce d’émulation et de sentiment de partage entre le public et les créateur qu’on ne retrouve pas quand on regarde une série plus tard, que ce soit en dvd ou à la télé française. Compte rendu des visionnages dans quelques temps également.

Bon la télé et la bd ça s’est fait, on va causer ciné. Pas grand-chose à se mettre sous la dent en ce moment. Je passe vite fait sur le Piranhas 3D d’Alexandre Aja que j’ai trouvé sympathique tout en étant bourré de défauts jusqu'à la moelle. Passer de Haute tension et La colline à des yeux à ça, me rend quand même triste et surtout craintif quand au prochain projet du bonhomme à savoir l’adaptation de la série animée Space Adventure Cobra. Non le film qui nous a bien foutu une claque à ma Portugaise d’amour et moi-même c’est The Town de Ben Affleck.



Pour son deuxième film, il nous raconte l’histoire d’un homme prisonnier de sa vie et de sa ville et qui va changer lors d’une rencontre avec une femme. Rencontre qui s’effectuera lors d’un casse dont il est l’un des auteurs et que la dame se trouve être une des victimes. Ca aurait pu être parfait si Affleck avait plus de maturité derrière la caméra (notamment quand il veut parler de la ville en tant que prison en la personnifiant via les personnages de Jeremy Renner et de Postlethwaite) mais en l'état ca reste vraiment très bon grâce à un script très bien écrit qui arrive à balayer plusieurs histoires conflictuelles sans jamais en perdre une tout au long du film, en les entrecroisant régulièrement et en les concluant brillamment. C'est vraiment très bien rythmé, on ne s'ennuie jamais et c'est porté par des acteurs vraiment excellents (Renner en tête bien sûr mais Affleck est vraiment très bon et tout en retenue, ce que j'ai beaucoup apprécié). Ben Affleck arrive de plus à caractériser ses personnages par petites touches sans jamais appuyer grossièrement le trait et offre quelques scènes d'actions qui, si elles restent tributaires de Heat, n'en restent pas moins diablement efficaces. N’hésitez pas à aller le voir, pour les Tourangeaux il passe encore aux Studios.

D’ailleurs si vous allez aux Studios et que vos pas vous portent ensuite rue Bernard Palissy arrêtez-vous à l’Instant Ciné. Un chouette petit café dont j’ai apprécié l’endroit et le concept. Je m’étendrais un peu plus dans la semaine, pour l’heure je vous laisse. Portez vous bien.

The Blues Brothers

L'homme est en perpétuelle quête et cherche sans arrêt des réponses à ses questions existentielles. D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Qui sommes-nous ? Quel est ce film de dingue où la princesse Leia se ballade avec un lance-flammes, où le père de Yoda brandit un préservatif usé et où Steven Spielberg tend un reçu à deux trublions fringués en croque-morts en mission pour le Seigneur ? Une mission qui accessoirement a rendu ses lettres de noblesse à une musique magique.



Imaginez la scène : un soir à Chicago, voilà deux mecs rentrant dans un petit club de blues comme il en existe des centaines dans la capitale de L'illinois. A l'intérieur du bar, l'un se pose sur une chaise et savoure un whisky tandis que son ami monte sur scène et accompagne à l'harmonica le groupe du soir. Ce musicien se nomme Dan Aykroyd et depuis tout jeune il voue un amour sans bornes au rythm'&blues. Le voilà sur scène, probablement en train de jouer In The Midnight Hour ou Hold On, I'm Comin' pour son ami de plus en plus subjugué. Ce dernier s'appelle John Belushi, beaucoup plus nourri par le rock et le heavy metal, mais le voilà qui redécouvre avec délectation une musique que beaucoup jugent vieillotte. Il n'en faut pas plus pour que ce cabotin de John monte sur scène et chante avec son pote. Lui qui a prouvé son talent vocal en imitant brillamment Joe Cocker durant un numéro du Saturday Night Live, se trouve comme un poisson dans l'eau sur scène en train de revisiter les standards du blues avec Dan.

Après plusieurs soirées composées de bœufs mémorables entrecoupées de beuveries (et inversement), l'idée vient à Dan et John de prolonger ce duo au sein du Saturday Night Live. Après tout, l'émission possède un très bon groupe et cela serait un excellent moyen pour chauffer la salle à l'aide de numéros musicaux et de sketches. L'idée fait son chemin et voilà qu'un soir les téléspectateurs découvrent Belushi et Aykroyd en costume d'abeille en train de chanter I'm a King Bee. Dan, affublé d'une paire de lunettes noires et d'un chapeau, joue de l'harmonica tandis que John, complètement allumé, chante, bondit et rebondit dans tous les sens. Voilà donc la première apparition d'un Blues Brothers Band à la musique déjà bien rythmée mais pas encore définitive. Car les deux compères visent plus haut que de simples sketches musicaux. Ils veulent faire (re)découvrir tout un héritage musical dément à un public sevré au disco. Pour accomplir leur mission sacrée, il ne reste plus qu'à compléter le groupe, trouver une identité, un look, un nom et un tube.

Au groupe du Saturday Night Live, composé entre autres de Paul Shaffer (clavier), Tom Malone (trombone), Alan Rubin (trompette) et Lou Marini (saxophone), vont se greffer d'autres artistes issus de plusieurs courants. Avec Steve Cropper et Matt Murphy (guitares), Donald Dunn (basse) et Steve Jordan (batterie), le groupe va acquérir un style unique. L'identité ? John Belushi et Dan Aykroyd vont créer leurs alter-egos musicaux : Joliet Jake et Elwood Blues. Deux personnages taciturnes, voire inquiétants, qui ne prennent véritablement vie que lorsque la musique commence. Pour le costume, Dan va s'inspirer du look des beatniks des années 50/60 et va rajouter les lunettes et le chapeau issus d'une pochette d'un album de John Lee Hooker. Le nom du groupe sera soufflé par Howard Shore, alors directeur musical du Saturday Night Live : The Blues Brothers.

Le tube sera suggéré par Steve « The Colonel » Cropper et Donald « Duck » Dunn : Soul Man. Un standard de la soul, écrit par Isaac Hayes & David Porter et interprété par Sam & Dave.
Le prêche peut commencer mes frères.

C'est peu dire que les Blues Brothers soit un succès. En l'espace de quelque mois, Elwood Blues & Joliet Jake deviennent un des monuments du Saturday night Live. Le public redécouvre une musique alors oubliée au profit de la boule disco. Le désir de Dan et John est réalisé et cela de manière talentueuse : s'il y a bien une chose dont il faut prendre conscience c'est qu'ils n'incarnent pas deux personnages, ils sont Jake et Elwood au plus profond de leurs âmes quand ils revêtent leur costume. En cela ils sont aidés par un groupe fabuleux, nexus de plusieurs courants musicaux tel le mélange entre un blues électrique de Chicago et les rythmiques des cuivres de Memphis. La sortie de l'album Briefcase Full of Blues confirme alors l'excellence de ces artistes et le talent musical toujours grandissant de Dan et John, qui vont bien au delà des simples comiques poussant la chansonnette, apportant ainsi au Blues Brothers une légitimité dans leur démarche musicale.

Les concerts se multiplient, leur popularité augmente et John Belushi enchaîne les succès au cinéma. Il n'en faut pas plus pour pousser Universal à produire un film sur les Blues Brothers. Dan Aykroyd se met donc au travail et pond son premier script. Novice dans cette tâche, il écrit un pavé de plus de trois cents pages racontant avec force détails l'origine des Blues Brothers, l'histoire du film et sa suite. Nommé réalisateur, John Landis va épurer un maximum ce scénario pour en extraire l'histoire la plus simple. Celle-ci tournera autour des grands standards que Belushi et Aykroyd auront choisi, fera la part belle aux numéros musicaux et rendra hommage aux grands noms du blues. Alors que le script n'est pas encore finalisé, le tournage commence. Celui-ci se déroule entièrement dans l'Illinois et à Chicago, dans une bonne humeur communicative et dans la démesure. Ainsi, c'est en faisant un repérage dans un centre commercial abandonné depuis plus d'un an que Dan a l'idée d'y tourner une poursuite en voiture, alors que l'endroit est bourré de monde. Il en va de même pour la suite. La production obtient l'autorisation de tourner au sein de Chicago et Landis s'en donne à cœur joie, filmant pas moins de trente quatre voitures fonçant à plus de 150 km/h dans les rues de la ville. Niveau musique, les Blues Brothers vont s'adjoindre les talents de Cab Caloway, Ray Charles, James Brown, Aretha Franklin et John Lee Hooker. Une magnifique brochette de talents considérés comme has-been à l'époque. L'arrivée de Carlton Jonhson est déterminante sur le film et le groupe. Il chorégraphie tous les numéros musicaux et son influence se ressentira sur les performances scéniques.


Le film sort en 1980. A peine sorti de prison, Joliet Jake (John Belushi) apprend que l'orphelinat dans lequel ils ont grandi, lui et son frère Elwood Blues (Dan Aykroyd), va être vendu si les 5000 dollars que réclame le fisc ne sont pas versés d'ici cinq jours. Afin d'empêcher cela, ils décident de reformer leur groupe de rythm'&blues. Cependant, si certains de leurs musiciens sont faciles à trouver et à convaincre, d'autres sont beaucoup plus réticents à quitter leur job et leur femme pour repartir sur les routes. Qu'importe pour les Blues Brothers, convaincus d'être en mission pour le Seigneur, ils n'hésitent pas à se mettre à dos un groupe de country, la police, des nazis, l'armée et le pire de tous, une femme amoureuse. Même s'il a été souillé par les fainéants du vocable, il est indéniable que The Blues Brothers mérite le terme de culte. Au même titre que The Rocky Horror Pictures Show et la série originale Star Trek, cette œuvre a connu un faux départ pour acquérir petit à petit une énorme notoriété. Songeons seulement aux costumes portés par des centaines de fans, à Everybody Needs Somebody to Love, au fait que le film a relancé la carrière de nombreux artistes jugés finis. Est-ce un hasard si la version de Think qui s'impose à nos oreilles est celle du film ? Sûrement pas car John Landis, Dan Aykroyd et John Belushi ont réussi une alchimie parfaite entre les images et la musique. Ils ont compris tout ce qu'englobaient les termes « comédie » et « musicale ».

Tout le comique du film est basé sur une idée simple. Jake et Elwood sont en fait de grands enfants qui ont une vision basique de l'univers. Il y a le bien (leur orphelinat, le blues, Curtis..) et le mal (les autorités qui veulent faire fermer l'orphelinat, les nazis..). Un manichéisme primaire, donc, qui engendre alors des clashs jouissifs. La police les empêche de remplir leur mission ? Ils s'enfuient en dévastant un centre commercial ! Un des membres du groupe refuse de rejouer ? Ils viennent dans le restaurant où il travaille en tant que maître d'hôtel et lui foutent la honte de sa vie en draguant les clientes et en bouffant comme des porcs ! Un humour potache (le premier gag du film concerne une capote trouée) soutenue par Jake et Elwood, deux frères taciturnes et misogynes (les jolies filles du film se font séduire puis rouler littéralement dans la boue) qui, au travers de leurs ray ban, voient le monde en noir et blanc. D'ailleurs, ces lunettes de soleil font partie intégrante d'un tout qui nous révèle la véritable nature des Blues Brothers. Ils sont des super-héros avec leurs costumes et leur cachette secrète (vue dans la version longue du film) où est rangée la Bluesmobile, véhicule doté de capacités extraordinaires tout comme ses propriétaires qui, en plus d'adopter une multitude de poses iconiques, sont aussi dotés de pouvoirs hors du commun.

Lors d'une interview, John Landis avait résumé le message du film en faisant un bras d'honneur à la caméra et en se marrant. En donnant des capacités dignes de héros de comic-books à leurs personnages, Dan Aykroyd et John Belushi vont justifier de manière simple toute la démesure du film. La fameuse « suspension d'incrédulité » fonctionne ainsi à merveille. Qu'importe qu'il soit impossible d'échapper à une explosion d'un immeuble ou à celle d'une citerne de gaz, ou bien encore d'arriver à fuir la police, des néo-nazis, des cow-boys bouseux, des pompiers, des CRS , et l'armée, tout cela en même temps... Le fait est que non seulement on y croit mais on s'en régale. Rien n'est plus jouissif que de voir deux grands gamins envoyer chier des multiples institutions castratrices ou fascistes. Alors, quand ce règlement de compte sur fond de rythm'&blues endiablé se double d'un concert de tôles froissées, on est à la fête. The Blues Brothers est connu pour ses scènes de poursuite automobile absolument ahurissantes. Cela commence par une Bluesmobile franchissant l'énorme gouffre qui sépare les deux parties d'un pont pour se finir avec une course anthologique au sein même de Chicago (chose très rare à l'époque, du fait d'un décret municipal interdisant les tournages de poursuite dans la ville). Entre ces deux morceaux de bravoure, on assiste à plusieurs scènes durant lesquelles Elwood pilote sa voiture tel un cartoon des Fous du Volant. Depuis le film, la Bluesmobile est entrée dans le panthéon des voitures de légende, tout en devenant un élément incontournable de la mythologie des Blues Brothers. Toutes ces scènes de poursuite sont réglées et chorégraphiées avec autant de minutie que les numéros musicaux, car n'oublions pas que The Blues Brothers est aussi et avant tout un énorme et fabuleux concert.

La démesure du film a eu comme conséquence fâcheuse de mettre en retrait son aspect musical. Pourtant la multitude de guest stars, la diversité dans les numéros musicaux et la bande originale de grande qualité (une des plus vendues au monde par ailleurs) font que le film sera une réussite sur le plan musical. Dan et John ont gardé la même ambition depuis leurs shows au Saturday Night Live. Celle de faire redécouvrir le blues. Il n'est donc pas étonnant de constater que le film est une immense et belle déclaration d'amour à Chicago et à ces musiciens et chanteurs. Au lieu de se reposer sur leurs lauriers et de mettre en images leur premier album, Dan Aykroyd et John Belushi vont plus loin et nous font découvrir d'autres horizons. Ainsi nous apprécions ici et là des scènes contemplatives où Jake et Elwood se promènent dans les rues de leur ville au rythme du Peter Gunn Theme, de Sweet Home Chicago, de She Caught the Katy ou sur les mesures de guitare de John Lee Hooker. Ainsi, James Brown, Aretha Franklin, Cab Caloway et Ray Charles vont connaître ici une renaissance fabuleuse. Les chansons seront enregistrées en pré-production pour ensuite pouvoir filmer les performances au sein du film. Seul Aretha Franklin et James Brown ne se prêteront pas à l'exercice. N'arrivant pas à chanter en play-back, ils chanteront sur le plateau de tournage. Au final les numéros de tous ces monstres du blues sont inoubliables, leur diversité les rend unique et la lassitude ne pointe jamais. James Brown donne un prêche tonitruant dans une église tandis qu'Aretha Franklin fait une scène de ménage rythmée à son homme. Même s'ils se tiennent en retrait par rapport à leurs aînés, les Blues Brothers ne sont pas pour autant à la traîne. Quand ils ne se font pas poursuivre par la police sur les chansons de Sam & Dave, Jake et Elwood reprennent un standard de série télé western dans un bar country bourré de rednecks et mettent le feu sur scène pour le mythique Everybody Needs somebody To Love, l'apothéose musicale du film.

The Blues Brothers est un miracle, une déclaration d'amour doublée d'une comédie irrévérencieuse où tout le monde en prend pour son grade. Et au dessus de tout ce bordel, règnent deux troublions dont la mission pour le Seigneur est de faire swinguer la planète.

samedi 25 septembre 2010

Les Aventures du Jeune Indiana Jones

Le départ vers le soleil couchant d’Indiana Jones dans La dernière croisade semblait brillamment conclure une trilogie de légende. Toutefois si les aventures de l’archéologue prenaient fin au cinéma (du moins jusqu'à aujourd’hui) celui-ci pris un nouveau départ sur d’autres supports notamment le jeu vidéo et la télévision. Alors que l’un, de part son interactivité et sa plus grande liberté d’action se concentrait sur la période la plus connue du héros afin d’offrir au joueur de folles aventures, l’autre allait s’attarder sur une autre époque et se consacrer à atteindre un objectif bien différent. On notera toutefois que tous deux mettent bien en valeur la diversité culturelle des aventures de Jones faisant voler en miettes la théorie qui voudrait que chaque histoire se focalise sur un mythe judéo-chrétien.

Alors que les premières scènes d’Indiana Jones et la dernière croisade tentaient de montrer la création du mythe, Les aventures du jeune Indiana Jones vont se focaliser sur la construction de l’homme. La série nous montre le cheminement qui transformera le petit garçon puis l’adolescent en l’homme que nous connaissons via ses aventures à travers le monde. A ce titre si la trilogie cinématographique cite allègrement les bande dessinées de Tintin, il est intéressant de constater qu’à la même époque de la diffusion de la série, un autre personnage de bande dessinée ayant influencé Spielberg et Lucas pour la construction du personnage d’Indiana Jones, voyait ses origines traitées dans un comics. Pour quelqu’un s’intéressant à La jeunesse de Picsou les parallèles entre le chef d’œuvre de Don Rosa et la série télévisée consacrée à un des mythes du cinéma sont légion. Le plus pertinent étant celui sur la structure même du récit. En effet tout deux fondent la création de leurs héros via une longue et difficile quête initiatique où ils se révèleront peu à peu, prendront conscience de leur potentiel et lutteront contre leur coté obscur. Chaque histoire sera ainsi l’occasion d’une étape franchie dans ce difficile parcours qu’est la vie. En ce qui concerne Les aventures du jeune Indiana Jones, elles mettent le héros en face de choix difficiles et de décisions importantes qui le construiront bien plus intelligemment que la découverte d’un élément de l’imagerie du héros. En clair on se fout ici de savoir comment Jones a eu son fouet, on s’intéresse bien plus à la naissance de son appétit insatiable pour les civilisations anciennes et son goût pour l’aventure.

Néanmoins cette volonté de relater la jeunesse d’Indy n’est en fait qu’un prétexte pour Georges Lucas qui trouve là un bon moyen d’atteindre un autre but. A la fin des années 80, il voulut intéresser les gens à l’histoire via sa fondation pour l’éducation. Son projet était alors d’utiliser le personnage d’Indiana Jones comme témoin du XXème siècle. Même si le projet périclita, l’envie resta et Lucas démarcha alors les networks afin de proposer une série sur la jeunesse d’Indiana Jones. Celle-ci serait un moyen pour intéresser les enfants à l’histoire du monde et principalement de l’Europe. Une initiative louable si elle en est : en effet peu de séries peuvent se targuer d’avoir une vocation clairement pédagogique envers son public. Afin d’y arriver, l’idée fut lancée de centrer la série sur deux époques correspondant à des périodes fastes de l’histoire. Le tout début du XXème siècle et la Première guerre mondiale. Le fil rouge de ces histoires étant Indiana Jones à l’age de 93 ans (George Hall) racontant à qui veut l’entendre le récit de ses exploits passés.


Première époque, Henry Jones Junior (Corey Carrier) a 8 ans. Avec ses parents et sa préceptrice, il parcourt le monde dans les différents endroits où son père donne des conférences. Deuxième époque, Indiana (Sean Patrick Flanery) a 16 ans et ment sur son age pour s’enrôler dans l’armée belge avec son ami Rémy. Dans chacune de ces grandes époques, Indy va vivre des aventures mais va surtout être le témoin des événements cruciaux de notre histoire et rencontrer des personnages illustres tels que Lawrence d’Arabie, Charles de Gaulles, Lénine, Picasso, Roosevelt, Freud, Albert Schweitzer, Joffre, Pétain, Al Capone, Hemingway, Clémenceau, Kafka etc etc. Bien que les rencontres soient évidemment fictives, il n’en reste pas moins que le contexte historique est strictement véridique. En cela Les aventures du jeune Indiana Jones est précurseur de séries historiques tel que Rome. Tout comme cette dernière d’ailleurs, les créateurs ne lésinèrent pas sur les moyens faisant de la série une œuvre de haut standing. Les épisodes se déroulant durant la Première guerre mondiale (Verdun-Septembre 1916, Somme-Août 1916 notamment) sont à ce titre bluffant pour une époque qui va voir dans les mois qui suivent les débuts à la télé de show plus ambitieux visuellement tels qu’Urgence, Homicide, NYPD Blues ou X-files. Enfin la série n’hésitera jamais à confronter Indiana Jones aux pires moments de l’histoire, aux stupidités des actes des hommes, ainsi qu’à son propre orgueil aux conséquences désastreuses. Voir pour s’en convaincre les épisodes Afrique Orientale Allemande-décembre 1916 et Congo-janvier 1917 tout deux écrit par Frank Darabont, l’une des grandes révélations du show, qui se lancera peu après dans la réalisation avec Les évadés.

Malgré les ambitions du show et son relatif confort financier, la série peinera à vivre. La faute probablement à une volonté d’instruire tellement mise en avant qu’elle alourdit le rythme des épisodes (et notamment ceux se déroulant durant l’époque où Indy avait 8 ans). Bien que la volonté de Lucas de ne pas faire une série d’aventure pure pour éviter la comparaison avec les films soit tout à fait compréhensible et légitime, il n’en reste pas moins que ce déséquilibre entre action et instruction causera sa perte. Voila encore une série qui peut retrouver une seconde jeunesse grâce aux dvd. Elle n’a finalement pas pris trop de ride, reste bien au dessus de nombreuses séries de son époque et prouve qu’on pouvait faire des choses ambitieuses sans forcément passer par la case HBO. Et puis franchement, un épisode (Le mystère du blues) avec Harrison Ford dans son rôle le plus célèbre, vous voulez vraiment passez à coté de cela ?