mardi 30 août 2011

La Brigade Chimérique

Nés sur les champs de bataille de 14-18, dans le souffle des gaz et des armes à rayons X, les super-héros ont pris la relève des « gentilshommes-justiciers » de la fin du XIXe siècle ainsi que le contrôle des grandes capitales européennes. Les feuilletonistes ont fait d'eux des icônes. Les scientifiques sont fascinés par leurs pouvoirs. Pourtant, quelque part dans les Alpes Autrichiennes, une cité jaillie de nulle part annonce une menace qui risque d'effacer jusqu'au souvenir de leur existence.





Un prologue, 10 épisodes et un épilogue, 22 pages à chaque fois et le tout réuni dans 6 tomes, c'est sous un format très comics-book que vont s'étaler les aventures de La Brigade Chimérique et le projet ambitieux de ses auteurs (Gess au dessin et Serge Lehman et Fabrice Collin au scénario). Ce projet ? Apporter une réponse par la fiction à la disparition des surhommes européens et à l'apparition des super-héros américains à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi l'histoire de La Brigade Chimérique est une allégorie fantastique qui va puiser son inspiration dans des événements historiques réels vus sous un autre éclairage mais également sur les mythes et la culture populaire européenne. On pense beaucoup à La Ligue des Gentlemen Extraordinaires à la lecture de La Brigade Chimérique puisque, à l'instar de la bande dessinée d’Alan Moore et de Kevin O'Neill, les personnages principaux sont presque tous des personnages de fiction, tel que Le Nyctalope , le Dr Mabuse ou bien encore Gregor Samsa, considérés comme bien réel dans la société où ils évoluent. Mais là où La Ligue des Gentlemen Extraordinaires est avant tout une récréation, La Brigade Chimérique dépasse son postulat de base au fur et à mesure du récit.



Tout en offrant des purs moments d'actions débridés et des passages oniriques remarquables (le dessin est magnifique notamment par la variété des styles employés) l’histoire devient une véritable étude sur l'oubli de sa culture populaire par l'Europe mais surtout par la France. A ce titre le personnage du Nyctalope est une magnifique métaphore d’un pays tellement obsédé par sa gloire passée qu’il ne voit pas les changements venir et accumule les erreurs face au danger que représentent les différentes dictatures montantes. Dans sa deuxième partie, la bande dessinée devient plus sombre et ose un parti pris audacieux et couillu qui pourrait choquer s’il n’en découlait pas d’un raisonnement totalement cohérent et logique. L’utilisation narrative d’une des pires atrocités du XXème siècle dans le récit est clairement la pierre angulaire de toute l’œuvre tant elle définit ce qui s’est passé et préfigure ce qui sera.

Si La Brigade Chimérique est une œuvre incroyablement dense et foisonnante qui fait intervenir un très grand nombre de personnages de fiction et de figures réelles (dont la présence nous donne des clés sur la suite de l'aventure pour peu qu'on les connaisse), le récit a l’intelligence d’être passionnant à lire avec peu de bagages sur les protagonistes. Il donne surtout l’envie d’en connaitre davantage sur cet héritage car au delà de la fiction il y a clairement un message pour le lecteur français pour que celui-ci redécouvre ses racines et recrée une magie qui a continué ailleurs et qui aujourd'hui pourrait resurgir sur notre continent. Et si vous me laissez continuer à écrire je vais partir dans une envolée lyrique aussi magnifique que bouleversante et clamer haut et fort que tout créateur de fiction est un bâtisseur de la prochaine Brigade !!! Prend ton crayon camarade, aiguise ta plume ma sœur, les Chimères sont prêtes à revenir ! 


 
Et avant d’aller en pèlerinage dans La Comté mon Auvergne natale en compagnie de ma charmante épouse et de mon sac rempli de films, séries, romans et BD, je vous conseille, si vous voulez en savoir plus sur cette oeuvre, de filer sur le blog de Rom1, un camarade madnaute de longue date qui m’a conseillé de lire La Brigade Chimérique et que je remercie chaleureusement.

1 commentaire:

  1. Yeah ! Il est des nôtres !
    La Brigade chimérique : le Watchmen français, rien de moins.
    Dire que ce con de Hutch l'a tjs pas lue...

    RépondreSupprimer