mercredi 28 juin 2023

Box-Office France : Des Chiffres et des Films /24ème semaine - Du 21 juin au 27 juin 2023

 

Le nouveau Pixar déboule en tête. Elementaire fait 426 818 entrées

Toujours de l’animation avec Spider-Man : Across The Spider-Verse qui pour sa 4ème semaine d’exploitation fait 193 102 entrées pour un total de 1 400 831.

Gros gadin donc pour The Flash qui avec 184 539 entrées et **573 239 entrées cumulées ** en deux semaines

Suivent ensuite Transformers : Rise of the Beast (143 411 entrées / 821 719 cumulées / 3ème semaine) et Asteroïd City (117 498 entrées / 1ère semaine)

dimanche 25 juin 2023

Locke & Key – Tome 1 : Bienvenue à Lovecraft

 


A l’occasion de la sortie prochaine du tome 4 et afin de soutenir Milady Graphics*, on a décidé de revenir sur Locke & Key, une formidable série d’horreur. Le genre de série qui vous fait aimer les comics pour la vie et jusqu’à la mort voire même après.

Il est difficile de résumer Locke & Key en quelques lignes mais on va tout de même s’y atteler : suite à la mort tragique de leur père, Tyler, Kynsey et Bode Locke emménagent avec leur mère et leur oncle dans l’ancienne demeure familiale située dans le Massachusetts. Dans la vaste et sombre maison, portant le nom de Keyhouse, ces trois enfants vont tenter de panser leurs plaies mais très vite le passé les rattrape.

Le postulat de base est finalement assez simple à résumer mais on passe à coté de l’essence de Locke & Key. Ces six premiers épisodes, formant donc le premier tome, sont bourrés de tant d’éléments qu’il est bien difficile de raconter toute l’histoire en quelques lignes. Toutefois même si c’est une approche un brin facile et peut-être maladroite, on peut commencer à parler de Locke & Key au regard des parents du scénariste Joe Hill. Derrière ce nom de plume se trouve Joseph Hillstrom King fils de Tabitha et Stephen King petit romancier américain dont quelques œuvres ont été adaptées confidentiellement au cinéma. Nous n’allons pas dresser ici un parallèle entre les œuvres du fiston (dont on ne peut que saluer le refus de prendre le patronyme paternel pour écrire) et celle du maître de l’horreur, ni même analyser la relation père/fils de la BD par le prisme de celle entre Joe et son père, par contre on ne peut que remarquer que Locke & Key partage avec les meilleurs romans de Stephen King cette même atmosphère si particulière de la Nouvelle-Angleterre et surtout ce talent pour introduire le fantastique et l’horreur dans la vie quotidienne de personnes tout ce qu’il y a de plus normales.


Ainsi Locke & Key se concentre dans un premier temps sur Tyler, le fils aîné de la famille Locke. Cet adolescent qui pense avoir une vie de merde parce qu’il est obligé de passer ses vacances avec ses parents, son frère et sa sœur, va voir sa vie exploser après le meurtre d’un père avec qui il entretenait des relations conflictuelles somme toute normale à cet âge. C’est par lui que l’on découvre l’événement fondateur de toute l’histoire mais c’est via Bode, le petit dernier, que l’élément fantastique arrive. En découvrant une clé assez spéciale, un puits au fond du jardin et l’être qui y réside, ce gamin va contribuer sans le savoir à mettre en branle les événements qui se dérouleront tout le long du tome.

Keyhouse porte bien son nom et, comme le titre de la série nous le suggère, les clés sont des éléments importants de l’intrigue : ainsi la clé que trouve Bode lui permet de devenir une sorte de fantôme qui lui donne l’occasion d’observer sa famille. Hill y trouve alors matière à traiter du deuil du point de vue d’un petit garçon, cela de manière très touchante et subtile. Au fil du récit nous découvrons qu’il existe d’autres clés dont les pouvoirs sont différents, ouvrant alors un champ immense de possibilités pour les autres tomes.

Pour l’heure les Locke découvrent donc leur nouvelle demeure et chacun gère le deuil du mieux qu’il peut en même temps que le lecteur découvre les tenants et les aboutissants de ce drame. Hill sait ménager le suspense et gère très bien le rythme de son récit, alternant savamment les scènes du présent et celles du passé et notamment la mort du père de Tyler. Il emboîte petit à petit ces intrigues et on remarque très vite un plaisir certain dans sa manière d’user des mystères tels des serrures fermées et de les résoudre à l’aide des clés de la narration. Serrures et clés sont tellement au cœur du récit qu’elles en deviennent même les balises, ainsi le premier épisode s’ouvre et se clôture sur une porte qui se ferme. On apprécie aussi la manière dont le dessinateur, Gabriel Rodriguez, use de son média pour prolonger cette idée de serrure et de clé qui s’entremêle continuellement, par exemple via une page recto/verso où chaque protagoniste se répond au travers d’une porte lors du dénouement de l’intrigue.

 


De manière générale on assiste à une collaboration quasi-parfaite entre Hill et Rodriguez, ce dernier réussissant parfaitement à visualiser l’univers et l’ambiance des écrits de Hill. Sa manière d’user des panoramiques pour les paysages ou de dessiner de grandes cases plusieurs fois sur la même page afin de ralentir l’action ou de faire des effets de miroirs en utilisant l’eau, permet au récit de prendre son temps pour poser les personnages et le lieu. Les moments de tension, la peur et la violence n’en sont alors que plus terribles quand ceux-ci explosent de toutes leurs forces. Une peur principalement représentée par le personnage de Sam Lesser, gamin psychopathe tout simplement terrifiant par son intelligence et son calme alors que le sang se répand autour et à cause de lui, et pourtant il n’est que l’outil d’une menace bien plus grande encore.

Premier tome d’une magnifique série, Locke & Key est, pour ne pas y aller par quatre chemins, une lecture indispensable à tout amateur de bonne histoire d’horreur. La manière dont Hill et Rodriguez tissent leur toile afin de raconter cette histoire de deuil à surmonter et de lutte contre ses peurs, force le respect. D’autant plus que nous n’avons là que le premier chapitre d’un grand récit et que la suite s’annonce encore plus passionnante.

 

 

* Ce texte fut originalement publié sur le site du Daily Mars le 15/03/13