vendredi 28 janvier 2022

Sang pour Sang - Joel & Ethan Coen



 

Petite envie pour cette début d’année : Se faire l’intégrale des films des frangins Coen. L’occasion de revoir des films que j’adore, de revoir certains qui ne m’avait pas franchement enthousiasmé et, surtout, découvrir ceux que je n’ai jamais vu.

Ce qui n’est pas le cas de leur premier film, Blood Simple traduit chez nous par Sang pour Sang. Polar suintant et dégoulinant mettant en scène principaux John Getz, Frances McDormand, Dan Hedaya et M. Emmet Walsh dans une intrigue tout ce qu’on pourrait juger de classique (un cocu voulant faire tuer sa femme et son amant) mais rendu ici totalement passionnant par la manière qu’il a de placer le spectateur comme seul démiurge de tout le récit tandis que tous les protagonistes vont, peu à peu, se faire une idée totalement différente de la réalité.

Ainsi Ray imaginera que c’est sa femme qui a tué son mari, tandis que cette dernière sera persuadé que son mari est bel et bien vivant et qui les traque.

Pour un premier film, je le trouve incroyable de maîtrise dans la gestion des multiples intrigues et de leurs recoupements. Même si certaines ellipses sembles incongru sur le coup, tout prend son importance au fur et à mesure. Et déjà la figure du mal est présente à travers le personnage du détective privé, personnage répugnant, horrible et terrifiant.

Premier film, premier coup de maître.

 

 

(texte initialement publié sur le forum Sanctuary le 05/01/20)

mardi 18 janvier 2022

Archivistes en série



 

 

 

Instant pub pour Loanis Deroide qui, sur son site Saison, revient en trois articles sur l’histoire de la sériephilie française de la fin des années 80 jusqu’au début des années 2000. Bref quand tout un ensemble de support et de passeurs sont apparus et ont entrepris un travail de défrichage primordial dont on récolte les fruits encore aujourd’hui.

Grand intérêt de ces trois articles, ils se basent sur des entretiens avec les quatre figures les plus importantes de l’époque : Jacques Baudou le créateur des Rencontres européennes de télévision, Alain Carrazé qui fut en charge des programme de fiction dans Temps X avant de devenir l’auteur de l’ouvrage Le Prisonnier : chef-d’oeuvre télévisionnaire aux éditions Huitième Art puis le créateur de l’émission Destination Séries, Christophe Petit le fondateur et rédacteur en chef du magazine Génération Séries (pour lequel je suis fier d'avoir écrit un long article consacré à Babylon 5) et Martin Winckler auteur de La Maladie de Sachs* et de plusieurs ouvrages sur les séries télévisées notamment Mission : Impossible aux éditions Huitième Art et le Guide Totem : Les Séries Télévisées chez Larousse (ouvrage de référence de bibi encore aujourd’hui).

C’est passionnant et très bien écrit avec l’alternance de témoignage appuyant l’argumentation. Surtout cela met très bien en valeur le caractère de défricheur et de passeur qu’ont eu ces différents protagonistes. Aspect fondamental qui explique très bien ce qui s’est construit durant les années 90 en parallèle (voir en préfigurant) de l’évolution de la diffusion des séries à la télévision et pourquoi ce travail est primordial durant les années 2000 période de grande évolution à la fois en terme de diffusion et de reconnaissance publique mais aussi de critique.

 

La conclusion est très intéressante et appel à une réflexion quand aux périodes suivantes c'est à dire les années 2000. Je pense à l'apport des forums de discussions sur le net mais aussi à, justement, la bascule de la critique qui perd son rôle de défricheur et de passeurs pour devenir plus "classique" avec sa distribution de bon points, sa mise en avant de la série du moment, voire ses différentes "écoles". Comme dirait le philosophe "il faut de tout pour faire un monde" mais le basculement durant les années 2000 serait passionnant à étudier ne serait-ce que pour voir s'il y a un parallèle avec l'évolution de la manière de diffuser en France ou pour comprendre une part de la faible qualité de la critique actuelle notamment dans son manque de connaissance de l'histoire du médium.

C'est un peu mon opinion quand j'y réfléchis ou quand je discute avec des gens amateurs de séries qui ont cette idée ancrée d'une (re)naissance des séries télé durant les années 2000 cependant si je n'ai jamais étudié sérieusement la question, il me semble que le livre d'Alain Carrazé et de Romain Nigita, Series' Anatomy, apporte quelques pistes sur le sujet.
 

*dont le sujet n’a rien à voir avec les séries télé (la chronique quotidienne d’un médecin généraliste d’une petite ville) mais dont le succès a permis à Martin Winckler de faire beaucoup d’émission de radio et de télé durant lesquelles il n’hésitait pas à dire tout le bien qu’il pensait des séries télévisées. Ça n’a l’air de rien aujourd’hui mais à l’époque c’était carrément unique.

 


 

lundi 10 janvier 2022

Contes de Chevet - American Vampire

 


 

 

Profitant de la récente sortie du dixième et dernier tome d'American Vampire, je me suis donc relu le comic de Scott Snyder. Un comic qui tient une place un peu particulière dans la bibliothèque puisque le premier tome fut offert par un ami cher (je veux dire par là que c'est quelqu'un que j'apprécie, pas qu'il nous coûte une couille quand il vient manger à la maison) et qu'il m'a permis de découvrir un scénariste alors peu connu vu qu'il n'avait pas encore posé ses pattes sur Batman. 

 

Et j'aime bien les vampires en plus. Bon les êtres maudits à la sexualité refoulée et chouinant "who wants to live forever ?" à la Anne Rice & co c'est clairement pas mon truc. Mais le vampire bestial, le monstre sanguinaire, celui qui fait parler le sang là par contre je dis banco. Je suis plus Proinsias Cassidy et Severen que Louis de Pointe du Lac et Lestat. Du coup j'ai tout de suite accroché aux aventures de Skinner Sweet et de Pearl Jones à travers l'histoire du dernier siècle américain. 


Bon et du coup cette fin ? 


Le problème avec une série qui se met en pause et un scénariste qui préfère faire un peu nawak avec la vedette de DC Comics, c'est que cela se ressent sur le rythme. Là où Snyder était malin c'est qu'American Vampire n'était pas à la base une histoire basée sur un mystère à résoudre ou une aventure épique avec un grand final à la clé. Ce qui portait le récit c'était la vie de différent personnages à travers les époques. De fait la série se prêtait très bien à des récits courts autour des personnages de Skinner, Pearl ou Felicia et pouvait se permettre une multitude de détour avant de revenir à ces protagonistes majeurs. D'ailleurs l'un des sommets de la série reste, justement, une mini-série (American Vampire: Survival of the Fittest avec ses vampires nazis dessinés par Sean Murphy) et son apogée arrive avec la mort d'Henry Preston, le mari de Pearl. 

Mais du coup quand Scott Snyder décide d'entamer un deuxième cycle avec un grand méchant, un grand conflit et l'envie de réunir tout le monde pour un grand final, la série pâti alors de l'emploi du temps chargé de son auteur. Le paradoxe est donc que ce qui doit être le grand final explosif se retrouve souvent être assez à la traine et souvent en redite de ce qui précédait. Ça fonctionne quand même parce que la menace est représentée de manière suffisamment terrifiante (le marchand gris) pour être intéressante et qu'il y a des passages encore excellents (tout ce qui se passe avec Pearl sur sa terre natale par exemple) mais...clairement le mojo n'est plus là. 

Coté pile j'aime bien voir comment tous les personnages convergent et comment rien n'est oublié, coté face j'aurais voulu voir des relations plus développés (Travis et Gus par exemple) et j'ai quand même une drôle d'impression que certaines choses sont traités par dessus la jambe voire incohérente mais peut-être que cela vient aussi du sommaire du dernier tome qui place les récits anthologiques avant le récit final et dont certaines histoires me semblent assez à coté de la plaque. 

Bon toujours est-il que la lecture reste globalement agréable et que la série me plait toujours autant pour ses personnages, sa manière de parcourir l'histoire de l'Amérique et ses vampires bien monstrueux. 

 





vendredi 7 janvier 2022

Contes de Chevet - The Incredible Hulk #1



 

 

 

Et donc je commence mon année de lecture avec les 1er épisodes du Titan Vert. The Incredible Hulk #1 datant de mai 1962, écrit par Stan Lee et dessiné par Jack Kirby. Peut-être la série la plus "Marvel" de l'époque puisque perpétuant les récits de monstres de l'éditeur et que Kirby dessinait. Le 1er épisode est comment souvent un beau modèle de récit des origines d'un héros avec une caractérisation très claire du personnage de Bruce Banner et un événement fondateur qui imprime la rétine sur des générations


(c'est marrant de voir qu'un monstre né d'un acte altruiste là où un héros comme Spider-Man va naître d'un acte égoïste)


J'avais découvert cette épisode dans le Strange Special Origines n°277* et ce récit assez noir avec sa fin très amer et terrifiant m'avait totalement scotché. Qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir quelques années plus tard que l'épisode se composait de deux parties et que la suite voyait Hulk se confronter à son premier ennemi, la Gargouille. Bon clairement cette suite n'est pas à la hauteur de ce qui précède et voir Hulk lutter contre la vermine communiste c'est pas mon trip. De fait la série va quand même bien se chercher durant les premier numéros sans qu'on sache trouver la bonne formule. Le succès n'étant pas là, le titre s'arrêtera et le personnage ira poser ses valises dans la revue Tales To Astonish mais ça c'est une autre histoire


* Formidable numéro pour découvrir le personnage durant les 30 années de sa vie et cela à travers ce premier épisode mais aussi un remarquable épisode, écrit par Roger Stern et John Byrne et dessiné par Sal Buscema, dans lequel Hulk affronte Sasquatch et en bonus des illustrations couvrant les grands moments de la vie de Hulk et une analyse psy de Doc Samson servant de résumé des aventures du personnage 

 

 


 

mardi 4 janvier 2022

La dernière séance 2021 - Bilan



 

190 films ou séries vu ou revus mais peu de nouveauté au final


Forcément un confinement et 5 mois 1/2 de fermeture de cinéma ça aide à essayer d’explorer des trucs anciens surtout quand tu dois faire une émission hebdomadaire de cinéma. Du coup j’ai pu explorer du faux documentaires (The Rutles, Walk Hard), de la vieille comédie anglaise (Passport to Pimlico) ou bien encore du long-métrages avec plein de voitures dedans (Le Grand Embouteillage, Two-Lane Blacktop).


Niveau rétrospective perso je suis allé découvrir la filmo de Taïka Waïtiti (le pied) ou de Makoto Shinkai (l’ennui...au final Your Name est vraiment u,e exception) et niveau série ce fut bien sur la découverte de Troisième Soleil après le soleil, de Superstore, de Dowton Abbey (encore en plus dedans, j’attaque la cinquième saison), un deuxième au revoir avec le coach Taylor de Friday Night Lights, la continuation de l’aventure avec les flics de Hill Street et un au revoir au copain du 99 à Brooklyn (putain vous allez me manquer) et aux femmes de Mom


Allez niveau coup de cœur cette année :


- The Came Together de David Wain avec Amy Poehler et Paul Rudd, une parodie très fine des films de comédies romantiques à la con

- Une BO remarquable, un huit-clos étouffant et fantastique digne d’un film de John Carpenter, c’est Shadow in the Cloud de Roseanne Liang

- La comédie que je veux encore voir et revoir : Tag de Jeff Tomsic

- La suite mieux que l’original : A Quiet Place part II, toujours de John Krasinski

- Jeremy Gardner qui confirme tout le bien que je pense de son boulot avec After Midnight

- Le film qui éclate tout : Bad Banging or loony Porn de Radu Jude


et enfin vive les séries ou presque avec la 3ème saison de What We do in the Shadows, définitivement la meilleure comédie fantastique de ces dernières années et Many Saints of Newarks. Nuff said



Et pour 2022 ? Un seul projet, une grosse rétrospective tonton Spielby. On commencera par la fin avec West Side Story pour repartir ensuite dans les années 70

 

 


 


lundi 3 janvier 2022

Contes de chevet 2021 - Bilan



 

83 romans, essais ou BD lus cette année. 

C’est peu ou prou la même chose que l’année dernière mais c’est bien sur largement moins qu’il y a quelques années quand je m’occupais de la rubrique comics du Daily Mars. Si en terme d’ouvrage c’est kif-kif, c’est autre chose en nombre de pages car beaucoup de gros volumes ont comblés mes soirées de lectures : L’histoire du Futur de Robert Heinlein et sa trentaine de nouvelles et courts romans, le cycle de John Byrne sur Les Quatre Fantastiques composé de plus d’une soixantaine d’épisodes, la Justice League Internationale du trio J.M DeMatteis/Keith Giffen/Kevin Maguire et sa cinquantaine d’épisode, l’omnibus Miss-Hulk de Dan Slott et celui d’Iron Man de David Michelinie, John Romita Jr et Bob Layton, une relecture d’Excalibur de Chris Claremont et Alan Davis et puis j’ai continué l’exploration du 87ème district avec 7 romans.


Peu d’ouvrage mais beaucoup de pages. Je suis content de mettre replonger dans plus de romans ou d’essais et il faut avouer que la règle imposée par moi-même à moi-même : « si au bout de 50/100 pages tu te fais chier alors arrête » m’a permis de diminuer plus rapidement ma pile de livre à lire. Pas de scrupules quand le temps est une denrée rare.


Mes coups de cœur de cette année : 

 


 

 

 


Killer’s Wedge d’Ed Mc Bain et sa prise d’otage en plein commissariat

Miroir de nos peines de Pierre Lemaitre, la conclusion brillante de la trilogie de l’entre-deux guerre débuté avec Au revoir la-haut

Pulp d’Ed Brubaker et Sean Philips

Sword of the Atom de Gil Kane et Jan Strnad, une des plus brillantes relance d'un personnage chez DC Comics

Goldorak, la brillante et grandiose suite du dessin-animé

Et les relectures de Cinder & Ashe, Fantastic Four – The End et Captain America de Roger Stern et John Byrne


Projet pour 2022 :


- Continuer à arpenter le 87ème District

- Continuer de parcourir l’espace avec le Capitaine Future

- Profiter de la parution en France des tomes finaux de East of West et American Vampire pour tout (re)lire

- Me plonger dans la version traduite d’American Flagg

- Découvrir Grendel et croiser les doigts pour qu’un gros comic de space-opera sorte enfin en France

- Me délecter de l’ouvrage des gus de M Bobine consacré aux Wachowski

- Et surtout profiter des 60 ans du titan vert pour me faire toute la série de ses débuts jusqu’au run de Al Ewing. L’occasion de relire des épisodes que j’adore mais surtout découvrir des périodes que je ne connais pas ou peu. Merci les soldes sur Comixologie qui m’ont permis de choper plus d’une dizaines de gros volumes pour peanuts