lundi 21 août 2023

Locke & Key - Tome 3 : La couronne des ombres

 


 

 

 

On ne s’arrête pas en si bon chemin : après le tome 1, après le tome 2 voilà….le tome 3 ! Oui bravo vous êtes géniaux je vous kiss ! Love ! On va se répéter mais c’est pour la bonne cause. Locke & Key est un des meilleurs comics actuels et ce n’est sûrement pas la lecture de ce tome qui nous fera penser le contraire.

Difficilement trouvable pendant un moment à moins de vendre un rein, ce troisième tome de Locke & Key est de retour dans les rayons afin d’accompagner la sortie du quatrième tome inédit chez nous, et sur lequel nous reviendrons la semaine prochaine. Pour l’heure, intéressons nous donc à La couronne des ombres, un titre charmant pour une aventure où les enfants Locke vont s’enfoncer un peu plus dans les ténèbres avec toujours cette facilité pour les auteurs à lier grandes aventures et tragédie humaine.

Le deuxième tome, Casse-tête, était une pause dans l’histoire mais dorénavant l’heure n’est plus au repos mais à l’action. Lucas Caravaggio ayant éliminé et neutralisé les personnes qui auraient pu l’empêcher de mener à bien son projet, il ne lui reste plus qu’à trouver la clé oméga. Une clé dont on ne connaît pas encore la fonction (bien que sa forme est en soi un indice) mais dont on peut supputer l’importance dans un vaste dessein dont Caravaggio ne serait pas l’instigateur si on s’en fie à sa discussion avec Sam Reese dans le premier numéro de ce tome. Une discussion intéressante dans le sens où elle nous présente un Reese conscient de la manipulation dont il a fait l’objet, il nous apparaît alors moins pitoyable face à un Caravaggio dont on se demande quelle est la chose qui est collée sur son dos. Ce dernier serait-il le dindon de la farce tout autant que le fut Reese ?

 


 

 

Quoiqu’il puisse être, il apparaît que la clé oméga est au centre de tous les mystères, qu’elle est très bien cachée pour le moment, et que pour l’heure c’est la clé des ombres qui est mise en avant. Ce tome est une véritable plongée dans les ombres littéralement parlant lorsque que Kinsey et ses amis explorent une grotte qui semble garder beaucoup de secrets. Les ombres, ce sont aussi celle de Nina Locke, la mère de Tyler, Kinsey et Bode, qui sombre de plus en plus dans l’alcoolisme. Les ombres, c’est enfin la clé des ombres qui permet à Caravaggio de les contrôler afin d’attaquer les enfants Locke, mais contre toute attente ceux-ci ne vont pas se laisser faire. Certes, Kinsey ne connaissant plus la peur et la tristesse trouve en elle les ressources pour se battre mais c’est surtout Tyler Locke qui prend les choses en main à l’aide de la clé de Titan. L’occasion pour Gabriel Rodriguez de nous offrir un combat grandiose via un procédé classique mais toujours efficace, la majorité de l’épisode étant en effet composé de pleines pages sans dialogue.

La conclusion de ce combat nous apparaît alors comme la fin d’un cycle. Comme nous y sommes maintenant habitué, Joe Hill se sert du fantastique pour parler de tragédie humaine et si depuis le début de la série les événements surnaturels servaient principalement à traiter du deuil et de la perte d’un être cher, la lutte de Tyler signe la fin de ce deuil. Dorénavant Bode, Kinsey et lui n’auront plus peur et feront face à ce qui les attend. Ce n’est donc pas un hasard si dans le dernier chapitre de ce tome, leur réaction face à la clé de soins, qui permet de réparer ce qui est cassé sera bien différente de celle de leur mère encore incapable de faire le deuil de son mari.

Après une pause, qui nous apparaît rétrospectivement nécessaire, Locke & Key – La couronne des ombres appuie sur la pédale d’accélération. Suite au combat titanesque et guérisseur de nos héros, ceux-ci sont maintenant prêts à affronter les prochains dangers que l’on découvrira la semaine prochaine dans le tome 
 
 

 
 
Ce texte fut originalement publié sur le site du Daily Mars le 29/03/13

Locke & Key - Tome 2 : Casse tête

 


 

 

Parce qu’on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, penchons nous maintenant sur le deuxième tome de Locke & Key et découvrons plus en profondeur les méandres de Keyhouse et Lovecraft.

Dans notre article consacré au premier tome de la bande dessinée de Joe Hill et Gabriel Rodriguez, un de nos lecteurs nous a signalés que Locke & Key avait fait l’objet d’un pilote pour une éventuelle série télé qui ne vit au final jamais le jour. Ce projet d’adaptation est peu étonnant car la BD a le potentiel pour être portée à l’écran : une intrigue passionnante pleine de mystère, un bon groupe de personnages diversifié et la mort de Rendell Locke comme événement fédérateur fort autour duquel l’intrigue peut tourner. Toutefois si le premier tome, Bienvenue à Lovecraft, est en soi facilement adaptable, il n’en est pas de même pour les autres.

En effet, quand on referme ce deuxième tome, une drôle de sensation monte en nous,   celle d’avoir appris et découvert énormément d’éléments tout en étant frustré de n’avoir vu au final que très peu de choses. Il en est ainsi : après une première aventure haletante, terrifiante et éprouvante, la suite s’avère beaucoup plus calme. Cela en fait-il une mauvaise lecture ? Clairement non ! Au même titre que, par exemple, le tome 2 du Trône de Fer ou des aventures de Harry Potter, ce tome fait office de pause afin de placer des éléments qui s’avéreront fondamentaux pour la suite de l’histoire tout en apportant un nouvel éclairage aux événements du premier tome.

Si Bienvenue à Lovecraft était un ride en montagne russe, Casse tête s’avère être une randonnée sur un chemin oublié de beaucoup et sur lequel il ne serait pas étonnant de faire une rencontre avec un mauvais génie. Cette rencontre c’est Ellie Whedon qui la fait. Personnage introduit rapidement quelques numéros avant, cette professeur de sport au lycée de Lovecraft est un maillon essentiel de l’intrigue car elle nous fait prendre conscience (de même que le personnage du vieux professeur Joe Ridgeway et de Lucas Caravaggio) que l’histoire de Locke & Key va au delà du petit groupe des enfants Locke pour être en réalité un drame inter-générationel comme nous le montre cette planche magnifique de La Tempête de William Shakespeare qui dépasse le cadre de la représentation théâtrale pour devenir une lutte entre deux amis.

On s’en doutait quand, dans Bienvenue à Lovecraft, nous découvrions sur une photo de la troupe de théâtre dans lequel jouait Rendell Locke, un personnage, Lucas Caravaggio, qui ressemblait étrangement au mauvais génie caché au fond du puits qui manipulait Sam Lesser et Bode Locke. Dans ce deuxième tome le doute a cédé la place à la certitude, Lucas Caravaggio est un être terrible qui use des pouvoirs des clés afin de se venger et de concrétiser un vieux projet. Ce tome sera donc l’occasion de découvrir la vilenie de ce personnage qui n’hésitera pas à user des moyens les plus extrêmes pour arriver à ses fins ; le meurtre bien sûr, mais surtout la manipulation mentale dont la pauvre Ellie Whedon est la victime.

De leur coté, les enfants Locke ne se doutent pas que leur nouvel ami, Dodge, est en fait Lucas Caravaggio. En se liant d’amitié avec les enfants Locke ce dernier se rapproche de Keyhouse et de ses clés. Les clés justement, ces pivots de l’histoire qui ornent la couverture de chaque tome et dont chacune d’elle détient un grand pouvoir qui lui est propre. Nous avions découvert la clé passe-partout et la clé fantôme, voici maintenant la clé de tête, une clé permettant d’ouvrir le crâne d’un individu afin de lui mettre ou de lui ôter des souvenirs, des connaissances voire même des sentiments.

 

 


 

Si l’idée est brillante, son exécution et sa représentation graphique par Gabriel Rodriguez est tout simplement remarquable. Si Joe Hill usait de son talent de narrateur pour traiter de la thématique du deuil chez différents personnages dans Bienvenue à Lovecraft, Rodriguez va utiliser ici toute la puissance du dessin pour illustrer les mécanismes de la peur chez un adolescent, ou de l’imaginaire chez un enfant. La représentation du pouvoir de la clé de tête est à la fois terrifiante et fascinante autant pour le lecteur que pour les personnages eux-mêmes qui ne manqueront pas de trouver une utilité certaine à cette clé. Si Tyler s’en sert pour rattraper ses cours, Kinsey quant à elle va y trouver le moyen de fuir ses peurs et ses angoisses. La représentation concrète et physique de ces dernières donne lieu à une des scènes les plus intéressantes de ce tome ; bien sûr Lucas Caravaggio y trouvera un moyen utile pour arriver à ses fins.

Locke & Key – Casse tête s’apparente donc comme une sorte de pause dans l’intrigue globale de la série nous permettant avant tout d’en apprendre plus sur le passé de la ville de Lovecraft et de certains de ses habitants, tout en continuant à développer ses personnages principaux et à lancer des pistes pour une suite qui s’avère, à l’image de la pièce de théâtre citée dans ce tome, être une tempête prête à gronder.

 

 



Ce texte fut originalement publié sur le site du Daily Mars le 22/03/13