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The Visitor
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Diffusé une semaine après The Way of the Warior, The Visitor est l’un des meilleurs et l’un des plus poignants épisode de la série. Écrit par Michael Taylor, il nous raconte la vie d’un Jake Sisko devenu un célèbre écrivain (interprété alors par Tony Todd
qui nous rappelle ici à quel point il n’a pas eu la carrière qu’il
méritait) qui n’a jamais réussi à faire le deuil de son père. Benjamin
Sisko est en effet mort sous ses yeux quand il était adolescent lors
d’un accident sur le Defiant. Il réapparaît toutefois tel un fantôme à
différent moment de la vie de son fils, poussant ce dernier à vouloir
comprendre la nature de ce phénomène et trouver une manière de faire
revenir son père. Récit bouleversant sur le deuil et sa difficulté à le
faire, The Visitor est le premier épisode où
la série touche de prêt l’essence de la SF, celle où un concept permet
avant tout de parler de l’humain et de sonder son âme. Ça ne sera pas la
dernière fois.
En effet, vers la fin de la saison, l’épisode annuel centré sur O’Brien se révèle être d’une incroyable noirceur. Dans Hard Time,
Miles O’Brien est injustement condamné pour espionnage alors qu’il
était en mission sur la planète Argratha et la sentence est mise à
exécution avant même que Starfleet puisse intervenir : Les Argrathi lui
posent un implant neuronal lui faisant croire qu’il purge sa peine en
prison. Si seulement quelques heures se sont écoulées avant que Sisko
vienne sauver son officier, il n’en est pas de même pour O’Brien. Pour
lui, 20 années passée en prison se sont écoulées. Épisode tragique qui,
de plus, ne cède jamais à la facilité d’une solution qui effacerait le
traumatisme subi, Hard Time est sûrement l’épisode le plus représentatif du thème principal de la série, celui de la reconstruction. Hard Time
nous montre comment cet homme profondément bon (peut-être le personnage
auquel un spectateur peut se sentir le plus proche) doit ré-apprendre à
vivre après une si longue peine et comment sa femme et sa fille doivent
gérer cela alors que pour elles, Miles n’est parti que depuis quelques
jours.
Si la série arrivaient déjà à nous offrir des portraits de
personnages sur lesquelles ont s’investit, auquel on croit et qu’on aime
suivre, elle va à partir de cette saison les pousser dans leurs
retranchements pour en faire sortir le meilleur et le moins bon. Le
meilleur c’est Benjamin Sisko qui envisage une nouvelle vie avec Kasidy
Yates, c’est son fils qui trouve sa voie dans l’écriture, c’est Kira qui
devient la mère porteuse du second enfant de Keiko et Miles O’Brien
(une astucieuse solution afin de justifier la grossesse de Nana Visitor, elle mettra au monde une petite fille dont le père n’est autre qu’Alexander Siddig,
sachant cela certaines scène entre Kira et le docteur Bashir prennent
une autre saveur), c’est Nog qui devient le premier Ferengi à intégrer
Starfleet, c’est Dukhat qui, à la surprise de tous va reconnaître
officiellement Tora Ziyal, une enfant qu’il a eu avec une Bajorienne,
c’est Odo qui commence peu à peu à prendre conscience de toutes ses
capacités de métamorphe et qui s’ouvre de plus en plus aux autres, c’est
enfin la relation entre Jadzia Dax, la jeune femme de 800 ans d’âge et
Worf, l’expérimenté guerrier Klingon toujours aussi peu débrouillard
quand on parle d’amour.
A l’opposé c’est ce même Worf qui s’abandonne à la gloire des combats
au risque de mettre des innocents en périls, c’est O’Brien qui conteste
le choix de Bashir de soigner la dépendance des Jem’Hadar à la
kétracel, une drogue créée par les fondateurs pour garder l’ascendant
sur leur race de guerrier, c’est Worf (encore lui) confronté au désir de
suicide de son frère, c’est Kasidy Yates dont on découvre l’aide
qu’elle apportait au Maquis et qui devra purger une peine de prison
suite à la trahison de lieutenant-Commandant Michael Eddington, leader
de ce groupe. Cette trahison d’un officier de Starfleet que le
spectateur a appris à connaître marquera Sisko. Si sa relation avec
Yates en sortira au final plus solide qu’avant, il ne pardonnera jamais
la trahison du lieutenant-commandant qu’il traquera dès lors sans
relâche quitte à envisager des méthodes extrême pour le capturer dans la
saison suivante.
Cette part sombre est inhabituelle chez un tel personnage dans Star Trek.
Elle est pourtant un marqueur indéniable de la personnalité ambiguë du
capitaine Sisko et est déjà prégnant au début de la série. Elle se
révèle dans cette saison lors du double épisode : Homefront (4.11) et Paradis Lost (4.12). La où Star Trek : The Next Generation s’amusait à confronter les officier de l’Enterprise aux limites de la 1ère directive dans un environnement contrôlé et apaisé, Deep Space Nine
va prendre le taureau par les cornes et montrer comment Starfleet
respecte ses principes face à une tentative d’attaque directement sur
Terre. « It’s easy to be a saint in paradise » déclaré Sisko quelques années auparavant (dans The Maquis) mais que se passe t-il quand le paradis est attaqué ?
Suite à une attaque terroriste du Dominion sur Terre, le Vice-Amiral
Leyton demande à Sisko de mettre en place des mesures de sécurité afin
de prévenir toute nouvelle agression sur la planète et de convaincre un
président de la Fédération réticent d’établir des mesures d’urgences de
restrictions de libertés. Une des préconisations envisagées est de
soumettre la population à un test prouvant qu’il n’est pas un
métamorphe. La paranoïa montante va jusqu’à opposer Benjamin à son père
(que le capitaine suspecte même d’être un métamorphe), ce dernier
estimant que son fils bafoue ses principes et cède à la peur. Pourtant
il semble que la suite des événements lui donne tort puisqu’une attaque
semble bel et bien en cours. En conséquence l’état d’urgence est
décrétée et les libertés sont restreintes. Il y a pourtant anguille sous
roche comme le découvrira le capitaine Sisko. L’attaque est un leurre
et se révèle être en fait une tentative du Vice-Amiral pour prendre le
pouvoir dans le but d’instaurer un pouvoir suffisamment fort pour lutter
contre le Dominion.
Homefront/Paradis Lost est un double
épisode remarquable de la série qui nous décrit une Terre prête à
renoncer à ses principes par peur et désir de sécurité et qui laisse un
goût amer en bouche. Car si la fin de l’épisode voit revenir un climat
apaisé, le mal est fait. La tentative de coup d’État est certes dû à
l’action de militaires terriens mais l’ombre du Dominion pèse sur tout
ces événements. Et comme le souligne le seul métamorphe présent sur
Terre à un Sisko stupéfait, nul besoin d’intervenir et de manipuler,
l’idée même de leur présence suffit à déstabiliser les fondations de
leur ennemie. Perspicace et lucide, l’épisode marquera durablement les
esprits pour longtemps. On peut en effet y voir ici la matrice d’idées
qui se développeront chez l’un des scénaristes de cette histoire. Plus
que d’autres épisodes de la série, Homefront/Paradis Lost est probablement l’exemple le plus marquant de l’influence considérable de Star Trek : Deep Space Nine sur une autre grande série de science-fiction, Battlestar Galactica créée par Ronald D.Moore et, ici, scénariste de Paradis Lost.
Guerre avec les Klingons, trahisons de proches, deuils, division
engendrée par le Dominion, héros emprisonné sans compter une Jadzia mis
au ban de la société Thrill pour avoir brisé un tabou de celle-ci lié
aux relations amoureuses entre anciens symbiote dans de nouveaux hôtes (Rejoined) ; Un Bashir tentant de lutter contre une peste ravageant toute une planète (The Quickening) ; Sisko devant assumé son rôle d’Émissaire face à un prédicateur extrémiste (Accession)
ou bien encore Odo acceptant d’être jugé par les siens pour avoir tué
un métamorphe et condamné à conserver une forme solide pour le restant
de ses jours dans Broken Link, le final de la
saison qui nous révèle au passage qu’un métamorphe se trouve au sein du
gouvernement Klingon. on pourrait croire que la quatrième saison de Deep Space Nine
verse dans la noirceur totale. Heureusement c’est sans compter sur des
relations amicales ou amoureuses (Bashir & O’Brien, Jake et Nog,
Kira et Odo, Jadzia et Worf) qui apportent un peu de gaîté à l’ensemble
et renforce la crédibilité d’une chronique du quotidien d’un lieu de vie
tant bien même se situe t-il dans l’espace et dans le futur. C’est
également sans compter sur des scénaristes qui, désireux d’avoir une
soupape, s’engagent sur des épisodes de comédies pures mettant en scène
la plupart du temps les Ferengis.
Ainsi dans Little Green Men, Quark, Rom et Nog
sont pris dans une faille temporelle et se retrouve sur Terre à Roswell
en 1947. Si Nog et Rom tentent de tout faire pour revenir à leur
époque, Quark voit dans cette aventure une opportunités pour se faire de
l’argent. Plus tard dans la série, Bar Association
nous montre Quark en lutte contre un mouvement de grève au sein de son
bar, un mouvement mené par ni plus, ni moins que par son propre frère
(un bel exemple de la capacité de la série à faire évoluer des
personnages secondaires, ici Rom qui s’affranchit de plus en plus de
l’image du Ferengi type auquel il devrait se conforter). Enfin dans Body Parts,
Quark, persuadé d’être mourant, vend son corps pour payer ses dettes
mais alors qu’il découvre qu’il s’agit d’une erreur de diagnostic,
l’acheteur (son ennemi personnel Brunt) réclame tout de même le corps
(17ème loi de l’acquisition Ferengi : Un contrat est un contrat est un
contrat).
Mais s’il ne fallait retenir qu’un épisode comique de cette saison c’est bien sur Our Man Bashir.
L’épisode se déroule dans l’holosuite de la station (salle de réalité
virtuelle permettant à leur utilisateur de s’amuser comme il le
souhaite) et plus précisément dans une aventure conçu par Bashir dans
laquelle il peut incarner un agent secret digne descendant du James Bond
des années 60. Pendant ce temps, suite à un accident de téléportation,
les empreintes mémorielles des autres officier de DS9 sont sauvegardées
dans le scénario de l’holosuite mais le processus se passe mal et Kira,
O’Brien, Worf, Jadzia et Sisko sont persuadé d’être les personnages de
l’aventure d’espionnage du bon docteur. Ce dernier n’a qu’une seule
façon pour les sortir de là sans dommage, aller jusqu’au bout de son
scénario et contrer les plans de destruction de la terre du Dr Noah
(Sisko), de son associé M Duchamps (Worf) et de leur homme de main
Falcon (O’Brien). Il est heureusement aidé par Anastasia Komananov la
sulfureuse agent russe (Kira) et par la scientifique Honey Bare
(Jadzia).
Véritable récréation tant pour les spectateurs que pour les acteurs, Our Man Bashir
est un magnifique hommage aux films de Bond et se pose comme l’un des
meilleurs (et oui, encore) épisode de la série par sa fraîcheur et sa
façon de sortir les comédiens de leurs rôles habituel. Alexander Siddig
montre d’ailleurs une telle aisance dans le smoking du plus célèbre des
agents secrets qu’on se plaît à imaginer ce qu’il aurait pu donner sur
grand écran. Ce ne sera pas la dernière fois qu’une telle gourmandise va
être offert par des scénaristes désormais plein d’assurances et surfant
aisément entre la grande fresque épique, le drame intime ou bien la
comédie avec un résultat fascinant de cohérence et de qualité. C’est
maintenant évident Star Trek : Deep Space Nine a non seulement égalé ses prédécesseurs mais a surtout trouvée sa voie et va continuer à s’y engager.
Prochaine étape : La guerre contre le Dominion éclate