mercredi 21 septembre 2022

"This is your playground"

 


John Crichton est astronaute. Le jour où il part dans l’espace pour vérifier l’une de ses théories, son module est aspiré par un vortex et il se retrouve projeté dans une zone inconnue de l’univers où personne n’a jamais entendu parler ni de la terre ni des humains.

 

 

Initiée par l’immense succès de Star Trek : The Next Generation, les années 90 virent l’arrivée d’un nombre conséquent de série de science-fiction et plus particulièrement de space-opera. Les spin-off Star Trek : Voyager et Star Trek : Enterprise, les frères complémentaires Star Trek : Deep Space Nine et Babylon 5, la comédie Red Dwarf, la trop courte Firefly, le très martial Space 2063, l’autre franchise Stargate (même si Stargate SG1 est assez éloigné du genre) et la queue de comète Battlestar Galactica forment une grande décennie qu’on pourrait même qualifier d’âge d’or du genre.

Si j’aime tout ces séries à différent degrés (rappel : Babylon 5 est l’une des meilleurs séries de tous les temps) et si toutes apportent leur pierre à l’édifice d’un genre passionnant, il y en a pourtant une qui tient une place particulière dans le lot et dans mon cœur. Peut-être parce qu’elle se rapproche le plus de ce que serait l’élément pure "space opera" dans le tableau périodique des genres.

Cette série, c’est Farscape.

Lancée en 1999, Farscape est un vieux projet de Rockne S. O’Bannon et de Brian Henson. Comme son nom l’indique, ce dernier est le fils de Jim et à repris les rennes de l’entreprise avec sa sœur Jane après la mort de leurs père en 1990 (tragique perte s’il en est). A ses yeux, Space Chase (1ère titre du projet) serait une vitrine pour montrer le talent du studio et de ses marionnettistes. Rockne S. O’Bannon, lui, est un vétéran de la SF et à a son actif du très bon (des épisodes de la reprise de La Quatrième Dimension dans les années 80, d’Amazing Stories et l’excellent film Alien Nation) mais aussi du médiocre (SeaQuest DSV, j’en rigole encore). Farscape est sans conteste sa meilleure création.

En plongeant un humain dans un univers totalement déconnecté de la Terre et dans lequel il doit survivre entouré d’aliens multiples et divers puis en devenant peu à peu le centre de toutes les attentions, Farscape renoue avec le space opera tel qu’initié et développé par Les Chroniques de Mars d’Edgar Rice Burroughs ou La Saga des Etoiles d’Edmond Hamilton. Tout autant que John Crichton (JC comme John Carter), nous sommes plongés dans le grand univers sans manuel ni bouée et devons tenter de nager rapidement.

Ce choix de faire dérouler l’action dans une galaxie lointaine (mais pas il y a très longtemps) permet de se libérer de carcans réalistes ou pseudo-réaliste et de s’autoriser toutes les audaces. Ainsi dès le 1er épisode la barrière du langage entre John et ses futurs amis est franchi de par l’injection d’un virus qui permet de comprendre et de se faire comprendre de tout le monde. Hop, emballé c’est pesé on passe à autre chose. D’un univers aussi fou (mais qui se permettra quand même de jouer avec beaucoup de notion scientifique passionnante) découle une narration rapide qui ose régulièrement l’ellipse et la mise dans l’action dès le début de l’épisode.

Mais comme souvent avec les séries marquantes c’est bel et bien avec ses personnages que Farscape marque les esprits. Débarquant en pleine bataille, Crichton va se faire en l’espace de quelques minutes trois compagnons d’infortune : le guerrier Luxan Ka D’Argo, la prêtresse Delvian Pa’u Zotoh Zhaan et le monarque déchu Rygel le 16ème. Tous les trois sont des prisonniers qui ont réussis à s’échapper et à prendre possession du Leviathan Moya, un vaisseau vivant. Pour compléter ce tableau il faut bien sur rajouter Pilote, alien pilote de Moya du fait de sa symbiose avec elle, et surtout Aeryn Sun soldat Peacekeeper considérée comme renégate par ses supérieurs du fait de sa « contamination » trop longue avec les prisonniers et particulièrement avec John Crichton. Ce dernier est enfin la cible d’une traque sans relâche de la part de Bialar Crais, un commandant Peacekeeper qui veut venger la mort de son frère tué par Crichton (en fait un accident lors de l’arrivée soudaine de John dans la galaxie)

Composé de récit bouclés à chaque fin d’épisode lors de ses début Farscape narre donc l’errance sans fin d’un groupe d’individus disparate et n’ayant que très peu de chose en commun tentant d’échapper à leurs ennemis et essayant de retrouver leur foyer. De fait si Crichton est l’alien aux yeux de ces extra-terrestres, ils sont en fait tous l’étranger aux yeux des autres et la série va nous montrer comment peu à peu ces êtres vont devenir amis. Une recherche d’un fils, un moyen pour rentrer chez soi, le désir de trouver une paix intérieure ou bien encore la découvert de sentiment compassionnel envers les autres etc tels sont certains des arcs qui vont guider des personnages incarnés par des acteurs au naturel ou avec beaucoup de maquillages mais également totalement animés par le talents du studio Henson. On croit ainsi à Pilot et à Rygel comme on croyait à Yoda.

Autre force de la série, son aspect très cuir et sexe. Alors que le space-opera télévisuel est assez pudibond en la matière, Farscape n’y va pas par quatre chemin et nous montre des tenues chaudes et des personnages dont le désir suintent par tout les pores de la peau. L’histoire d’amour entre Crichton et Aeryn c’est pas des petits bisous dans le cou.

Enfin, peu à peu, Farscape développe un univers dense, introduit de nouveaux personnages remarquable et tisse un grand récit courant tout du long de la série. Si la première saison s’axe autour de la découverte d’un monde alien pour un humain considéré comme l’idiot du village par les autres et de la façon dont il va peu à peu s’acclimater et accepter ces changements sans devenir fou (notamment via un raccrochage à tout son univer pop-culturelle lui permettant de tenir face à tout ce qu’il voit et tout ce qui lui arrive), la donne change à la fin de celle-ci avec l’arrivée d’un des plus formidable méchant de l’histoire : Scorpius.

Avec ce dernier va se nouer les fils d’une intrigue autour de l’escalade militaire et de l’armement qui parcourra et conclura la série. Son duo avec Crichton va être l’occasion de multiples histoires où des concept de SF vont être utilisés à leur plein potentiel. Parce que c’est aussi cela Farscape, une série qui va utiliser le clonage, l’implant organique et le film Harvey pour l’élever au rang d’outil narratif prompte à offrir des récits fantastiques.

Annuler abruptement à la fin de la 4ème saison alors que les scénaristes pensaient conclure lors de la suivante, Farscape a tout de même pu avoir deux téléfilms concluant la grande saga des habitants de Moya. Trop oublié aujourd’hui, la série reste pourtant l’une des meilleures du genre de par son approche plus viscérale, son énergie et sa capacité d’innovation constante. Ne regardons toutefois pas le verre à moitié vide et terminons sur cet évident constat que sans Farscape, Les Gardiens de la Galaxie tels qu’ils existent aujourd’hui au cinéma n’aurait tout simplement pas vu le jour

 

This is your playground.

 

Si tu sais de quel moment provient cette phrase alors tu connais Farscape, si tu verses ta larme alors tu aimes Farscape





Série australien et américaine
Space Opéra
Créée par Rockne S. O’Bannon et Brian Henson
Avec Ben Browder, Claudia Black, Anthony Simcoe, Jonathan Hardy, Virginia Hey, Gigi Edgley, Wayne Pygram
Diffusée du 19/03/99 au 21/03/03 puis le 18/10/04 pour The Peacekeeper Wars

 

 

 

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