mardi 18 janvier 2022

Archivistes en série



 

 

 

Instant pub pour Loanis Deroide qui, sur son site Saison, revient en trois articles sur l’histoire de la sériephilie française de la fin des années 80 jusqu’au début des années 2000. Bref quand tout un ensemble de support et de passeurs sont apparus et ont entrepris un travail de défrichage primordial dont on récolte les fruits encore aujourd’hui.

Grand intérêt de ces trois articles, ils se basent sur des entretiens avec les quatre figures les plus importantes de l’époque : Jacques Baudou le créateur des Rencontres européennes de télévision, Alain Carrazé qui fut en charge des programme de fiction dans Temps X avant de devenir l’auteur de l’ouvrage Le Prisonnier : chef-d’oeuvre télévisionnaire aux éditions Huitième Art puis le créateur de l’émission Destination Séries, Christophe Petit le fondateur et rédacteur en chef du magazine Génération Séries (pour lequel je suis fier d'avoir écrit un long article consacré à Babylon 5) et Martin Winckler auteur de La Maladie de Sachs* et de plusieurs ouvrages sur les séries télévisées notamment Mission : Impossible aux éditions Huitième Art et le Guide Totem : Les Séries Télévisées chez Larousse (ouvrage de référence de bibi encore aujourd’hui).

C’est passionnant et très bien écrit avec l’alternance de témoignage appuyant l’argumentation. Surtout cela met très bien en valeur le caractère de défricheur et de passeur qu’ont eu ces différents protagonistes. Aspect fondamental qui explique très bien ce qui s’est construit durant les années 90 en parallèle (voir en préfigurant) de l’évolution de la diffusion des séries à la télévision et pourquoi ce travail est primordial durant les années 2000 période de grande évolution à la fois en terme de diffusion et de reconnaissance publique mais aussi de critique.

 

La conclusion est très intéressante et appel à une réflexion quand aux périodes suivantes c'est à dire les années 2000. Je pense à l'apport des forums de discussions sur le net mais aussi à, justement, la bascule de la critique qui perd son rôle de défricheur et de passeurs pour devenir plus "classique" avec sa distribution de bon points, sa mise en avant de la série du moment, voire ses différentes "écoles". Comme dirait le philosophe "il faut de tout pour faire un monde" mais le basculement durant les années 2000 serait passionnant à étudier ne serait-ce que pour voir s'il y a un parallèle avec l'évolution de la manière de diffuser en France ou pour comprendre une part de la faible qualité de la critique actuelle notamment dans son manque de connaissance de l'histoire du médium.

C'est un peu mon opinion quand j'y réfléchis ou quand je discute avec des gens amateurs de séries qui ont cette idée ancrée d'une (re)naissance des séries télé durant les années 2000 cependant si je n'ai jamais étudié sérieusement la question, il me semble que le livre d'Alain Carrazé et de Romain Nigita, Series' Anatomy, apporte quelques pistes sur le sujet.
 

*dont le sujet n’a rien à voir avec les séries télé (la chronique quotidienne d’un médecin généraliste d’une petite ville) mais dont le succès a permis à Martin Winckler de faire beaucoup d’émission de radio et de télé durant lesquelles il n’hésitait pas à dire tout le bien qu’il pensait des séries télévisées. Ça n’a l’air de rien aujourd’hui mais à l’époque c’était carrément unique.

 


 

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