lundi 3 mai 2021

Kitty Stardust and the mutants from Mars

Panini Comics publie cette semaine dans leur collection Marvel Classic une série magistrale et totalement à part dans l'univers des X-men : Excalibur. Pour l'occasion je republie mon article écrit pour le site du Daily Mars et publié il y a presque huit ans.

 

 


 


Et si les aventures de Doctor Who se passaient dans l’univers Marvel ? Et si par un enchaînement de circonstances, des mutants se retrouvaient embarqués dans des péripéties qui n’étonneraient pas les compagnons de David Tennant, Tom Baker ou Peter Davison ? Et si Excalibur était la meilleure série dérivée des X-Men ?

Faisons les présentations : Dans le coin droit se tiennent deux X-men, l’un est réputé pour son talent de téléportation, son agilité incroyable et sa peau bleue, l’autre fut la benjamine du groupe pendant longtemps et peut traverser n’importe quel objet ou personne, je vous demande d’accueillir Diablo et Étincelle ! Dans le coin gauche, ils sont sujets de sa Majesté, lui porte les couleurs du drapeau du Royaume-Uni sur son costume et elle, est métamorphe. Voici Captain Britain et Megan ! Enfin au centre, elle est la fille de Cyclope et Jean Grey venue d’un futur alternatif et apocalyptique et possédant les mêmes puissants pouvoirs que sa mère : veuillez applaudir Rachel Summer alias Phénix !

 

Ladies and gentlemen je vous présente : Excalibur !

 

Créée en 1988 par Chris Claremont et Alan Davis, Excalibur apparaît comme une sorte de récréation pleine de fraîcheur. Il faut dire qu’à cette époque, Claremont ne ménage pas ses X-men et leur fait subir bien des épreuves depuis un an. Ils ont dû faire face au massacre d’un peuple de mutants réfugiés dans les égouts de New-York et n’ont pas été épargnés par l’attaque. Plusieurs d’entre eux furent grièvement blessés et l’équipe dut faire face à une crise de confiance après sa rencontre avec un mutant capable de posséder les gens. Enfin cerise sur le gâteau, les X-men décident de se faire passer pour morts après avoir vaincu un terrible ennemi à Dallas.

 


 

 

Bref Chris Claremont est en plein travail de dé-construction du groupe de super-héros et ose beaucoup de choses qui apparaissent aujourd’hui comme très avant-gardistes. Ainsi les X-Men qui se font passer pour morts afin de devenir un groupe pro-actif préfigurent les super-héros interventionnistes des années 2000. Ce travail passionnant (et qui trouvera sa conclusion lors du départ de Claremont) éloigne toutefois l’auteur d’une certaine légèreté. On ne s’étonnera donc pas de le retrouver aux commandes de cette série dérivée et débridée des X-Men.

 


 

 

Cette légèreté, Claremont va la trouver en collaborant avec Alan Davis. Ils avaient déjà travaillé par le passé sur les X-Men (notamment en incluant le personnage de Psylocke au groupe) et Excalibur représente un certain idéal pour ce dessinateur qui va pouvoir ré-utiliser deux personnages chers à son cœur, Captain Britain et Meggan, dont il avait dessiné les aventures dans la série Captain Britain écrite notamment par Alan Moore et Dave Thorpe.

Excalibur, c’est donc la rencontre entre trois ancien X-men (Diablo, Étincelle et Rachel Summers alias Phénix) et de deux super-héros anglais, tous liés par la mort des X-men (Psylocke étant la sœur de Captain Britain) et qui décident de se réunir afin de perpétuer le rêve de tolérance et de paix de Charles Xavier. Dès le départ, la série affirme une tonalité comique sans précédent. Si l’équipe combat de dangereuses menaces, c’est tout de même dans une ambiance proche de l’absurde sans jamais toutefois sombrer dans le ridicule. Il y a dans Excalibur une atmosphère qui rappelle énormément la série Doctor Who, ce mélange de concept et idées de folie, de kitch assumé et de respect du genre. Le groupe va ainsi devoir faire face au Crazy Gang, un groupe de super-vilains ayant trop lu Alice aux pays des merveilles, ou bien aux Technets, un gang de mercenaires inter-dimensionnels.

 


 

 

À l’époque, seule la Justice League International de Keith Giffen et J.M DeMatteis était aussi drôle (message à Urban : on veut cette série en France!) (NdA  03/05/21 : Urban a depuis édité JLI en deux volumes) mais Excalibur dispose de cette touche british (la série se passant en Angleterre) qui fait d’elle une œuvre unique. L’humour toutefois ne prend jamais le pas sur les situations et l’aventure et nombre d’épisodes arrivent à mélanger situations horrifiques et moments comiques. On pense ainsi à la première aventure de l’équipe qui doit rechercher des êtres qui volent la peau des gens ou bien encore aux épisodes participant à la saga Inferno (dans laquelle New York devient l’épicentre d’une invasion de démons) où Captain Britain et Étincelle se retrouvent coincés dans un film parodiant Rambo 3. Claremont et Davis forment un duo incroyable et arrivent à nous faire aimer cette équipe hétéroclite qui peine à cohabiter. Ainsi on nous montre l’attirance de Diablo pour Megan, celle-ci étant la compagne d’un Captain Britain en pleine perdition. Tandis que le symbole du Royaume-Uni passe pour un gros tas de muscles sans cervelle, Diablo apparaît de plus en plus comme le leader de l’équipe. Quand à Rachel et Étincelle, elles (re)nouent un fort lien d’amitié qui fera grandir les deux jeunes femmes.

Adepte du jeu de pistes, Claremont va également lancer plusieurs intrigues durant les premiers épisodes. Malheureusement, celles-ci seront quelques peu oubliées durant un temps. En effet Alan Davis quitte la série en 1989 et commence alors une traversée du désert pour la série. Si les deux artistes avaient initiés le concept des mondes parallèles comme objet d’aventures (avec notamment le classique monde dirigé par les nazis), Claremont va y aller à fond dans l’exploration des autres dimensions quitte à lasser le lecteur en route. Qu’à cela ne tienne, il va alors raconter les péripéties de Kitty Pride (alias Étincelle) dans….Un collège privée. P-A-S-S-I-O-N-A-N-T.

Mais alors qu’on pensait la série définitivement perdue, une lueur d’espoir arrive. 1991 : alors que Marvel signent un nouveau départ dans l’univers des mutants (nouvelle série X-Men et X-Factor, création d’X-Force), Alan Davis revient sur Excalibur à partir du numéro 42 non seulement en tant que dessinateur mais également en tant que scénariste. Alléluia mes frères ! Le sauveur est arrivé ! Si Excalibur était très bonne à ses débuts, elle va dorénavant être magistrale.

 


 

 

Pendant deux ans, Alan Davis va démontrer tout son talent de dessinateur et de scénariste et offrir ce qui reste encore aujourd’hui comme l’une des plus grandes séries de l’univers mutant. Conscient des problèmes engendrés par les aventures précédentes, Davis va dans un premier temps lancer un arc qui va mettre en lumière les machinations de Merlin dans la création d’Excalibur et toutes leurs aventures précédentes et cela dans le seul but d’acquérir le pouvoir de Phénix. En quelques numéros, Davis va non seulement relier toutes les mésaventures écrites par Claremont mais également faire le point sur ses personnages et leurs antagonismes. Captain Britain va faire la paix avec lui-même, Rachel commencera à retrouver une mémoire qu’elle croyait perdue et Megan va découvrir ses origines. Au final, l’équipe, plus soudée que jamais, va être prête pour un affrontement épique avec Nécrom. Un grand moment de la série durant lequel le nécromancien et Phénix vont se battre à coup de planètes dans la gueule.

 


 

 

Davis est au top de sa forme. Son dessin se fait encore plus beau (le combat Necrom/Phénix encore une fois) et il invente des situations encore plus folles et des moments comiques absolument hilarants : Diablo en tant que leader des Technets,  apparitions soudaines de héros venant de différentes dimensions (hop des Avengers version dinosaures, hop des démons, hop plein de robots)… Après cet arc grandiose qui voit également l’arrivée de nouveaux membres dans l’équipe (la belle alien Cerise ou bien encore Kylun le maître en escrime capable de reproduire n’importe quel son), Davis va continuer son bonhomme de chemin en nous offrant un récit horrifique durant des retrouvailles familiales entre Captain Britain et Psylocke, un délire au sein d’Alice au pays de merveilles, un grand récit méta-physique sur le Phénix (avec des planches magnifiques d’un combat entre l’entité et Galactus), une conspiration gouvernementale et enfin une conclusion brillante renvoyant au fameux Days of Future Past des X-men pendant lequel Rachel va affronter et vaincre ses démons.

Alan Davis quittera définitivement la série au numéro 67 et dès lors, celle-ci perdra son charme unique en se rapprochant beaucoup plus de l’univers des X-men et en devenant un spin-off de plus de la célèbre série. Qu’à cela ne tienne, nous avons déjà eu beaucoup et encore aujourd’hui, la série reste dans le cœur de ceux qui l’ont découvert. Aujourd’hui, elle acquiert une autre dimension du fait de la renaissance de Doctor Who et relire Excalibur après avoir plongé avec délices dans les aventures du Docteur de Russel T. Davies et Steven Moffat, c’est avoir la certitude de prolonger une aventure unique.

Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps, quand Philippe et Dominique m’ont offert l’occasion de déclarer toutes les semaines mon amour pour les BD américaines, l’envie de vous parler d’Excalibur est très vite arrivée. Cette série fait partie des œuvres que j’emporterais de manière certaine sur une île déserte. Il est toutefois aujourd’hui assez difficile de la trouver. Publiée initialement en France dans la revue Titans (du numéro 130 au 184), Excalibur n’a jamais connu de ré-édition si ce n’est dans deux X-Men Classic paru l’année dernière et le mois dernier et les débuts de la série.

Hélas l’arrêt de cette excellente revue pour cause de ventes trop faibles  nous laisse peu d’espoir quand à la ré-édition de ce chef d’œuvre. Le lecteur tenté par l’aventure n’aura donc d’autres choix que de se tourner vers le marché de l’occasion. La version originale de toute la série est facilement trouvable en trade paper back.

Ou bien vous prenez votre plus belle plume et vous écrivez en masse à Panini pour demander une nouvelle édition de la série. On ne le répétera jamais assez, de par ses scénarios inventifs et merveilleusement bien construits sur le court et long terme, de par son atmosphère absolument unique et son dessin fabuleux, Excalibur reste l’une des meilleures séries Marvel et fait partie de ces petites pépites qui nous rappellent pourquoi on aime autant les super-héros.

 

 


 

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