mercredi 19 mai 2021

La Première Séance





 Et voila, on (ré)ouvre


Après plus six mois de fermeture, on (ré)ouvre. Six mois (sans compter le premier confinement suivi d'une reprise tuée dans l’œuf bien sur) que je travaille sans réellement voir de monde (quelques collègues, aucun public), six mois que j’erre dans un bâtiment quasiment désert où les vielles affiches des films d'octobres 2020 trônent encore sur les murs, où les caisses sont fermés et les salles sont éteintes. Six mois que c'est mort. Certes le métier de comptable fait que même fermé, il y a des factures à enregistrer et à régler. J'ai en plus fais la clôture annuelle des comptes en début d'année. Un travail qui prend du temps et qui est peu ou prou identique, fermeture ou pas. Mais quand même ce n'est pas la même chose.


Et donc aujourd'hui on (ré)ouvre. Alors oui c'est pas dans des conditions optimale. On ne peut pas accueillir tout le monde et le masque est obligatoire parce que cette saloperie circule toujours (vaccinez-vous et portez votre masque s'il vous plait), c'est pas parfait, on préférerais tous mieux mais franchement là, tout de suite, je m'en fous, on (ré)ouvre et je suis heureux. 

 

Depuis une semaine c'est le joyeux branle-bas de combat. On passe l'aspirateur, on dépoussière, on colle les nouvelles affiches, on donne un coup de jeune aux sièges, on nettoie le jardin (oui on est un cinéma écolo, on a un jardin tout beau), on range les dossiers, on établit la grille de programmation, on répond au téléphone, on prépare les films...bref on se fait beau. 

Et vous êtes là aujourd'hui. Merci

 

Oui vraiment merci. Merci à notre public qui prenait régulièrement de nos nouvelles par mails ou en postant des messages sur notre compte Facebook, merci à eux de ne pas demander le prolongement de leur abonnements et de le renouveler alors qu'ils ne connaissaient pas la date de la (ré)ouverture, merci pour leurs dons, pour leurs "vous nous manquez", pour leur soutien sans faille. C'est à ce genre de chose qu'on sait qu'on ne travaille pas dans un cinéma comme les autres. Merci aux professionnels de la profession avec qui nous sommes dans la même galère et avec qui ont tente de naviguer. Merci à la solidarité de notre pays, oui c'est peut-être bizarre dit comme cela mais sans les aides que nous avons reçus, sans le soutien financier d'un État providence que certains mettent à mal on ne serait peut-être pas là. En tout cas clairement pas dans la même forme. Quand je constate la situation des salles de cinéma ailleurs (et notamment aux USA), je me dis que je suis quand même bien content d'être dans un pays dont le système a permis aux salles de survivre. C'est pas parfait bien sur, il y a beaucoup de choses à revoir mais les faits sont là : On a été soutenu et on est prêt pour aujourd'hui. 

Histoire de ne pas faire que dans la guimauve, je tiens quand même à exprimer mon mépris, voire ma colère envers tout ceux qui n'ont clairement pas aidé durant ces mois. Ces fournisseurs qui ont augmenté leurs tarots du jour au lendemain sur des produits d'entretiens, ces entreprises publiques qui refusèrent de suspendre le paiement de prestations malgré le fait qu'elles ne pouvaient avoir lieu, ces distributeurs qui harcèle mes collègues pour qu'on place coute que coute leur film et qui n'entendent pas qu'ils sont quarante dans le même cas.


Et surtout ces journalistes, chroniqueurs, YouTubeur influents qui n'hésitèrent pas, afin d'avoir de l'audience, à parler de films non disponible légalement en France tels que Wonder Woman 1984. En écrivant des articles, en produisant des vidéos qui banalise le fait de ne pas payer pour un travail artistique, ces sinistres cuistres démontrent par les faits leur absence de professionnalisme, d'éthique et de solidarité tout cela pour une audience éphémère et un rendu médiocre.Merci à vous les gars, j'espère que vous aurez au moins un peu honte dans le cas peu probable où vous irez payer votre place de cinéma parce que, franchement, nous nous avez pas aidé, bien au contraire. 


Enfin bon tout cela c'est derrière nous (les "pour le moment hahaha" merci de fermer votre mouille), aujourd'hui on (ré)ouvre et je dois vous avouer que voir des gens sourirent et heureux en rentrant dans le hall d’accueil ou en sortant d'une séance, c'est efface beaucoup de la noirceur passée.









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