vendredi 14 mai 2021

Le procès de Flash


 

 

 

On descend aux archives pour terminer cette journée. La sortie du premier tome de Flash, La Légende est l’occasion de revenir sur une période moins connue du bolide écarlate. Retour en 1983 avec Le Procès de Flash, le final de la série en forme d’apothéose signé Cary Bates et Carmine Infantino.

Barry Allen est de nouveau heureux. Chose qu’il n’aurait pas pu espérer après la tragédie qui l’a frappé quelques années auparavant quand Eobard Thawne alias le Reverse-Flash tua froidement sa femme, Iris Allen. Aujourd’hui, le super-héros de Central City a refait sa vie et se prépare à épouser Fiona Webb. Mais le jour de la noce, voilà que son plus terrible ennemi revient pour faire connaître le même destin tragique à la future mariée. Fermement décidé à l’arrêter, Flash s’engage dans une course épique qui prendra fin quand le justicier tuera Eobard. Bien qu’ayant sauvé sa bien-aimée, il a commis l’irréparable et va devoir dès lors être jugé pour son acte. C’est le début d’un long procès qui va tout changer pour Barry Allen.

La première moitié des années 80 est un véritable cocktail d’expériences et de limites sans cesse dépassées dans le genre super-héroïque. D’une série moyenne, Chris Claremont continue de faire des X-men un énorme succès, le jeune Frank Miller construit la légende noire de Daredevil et Walter Simonson paye son tribut à Jack Kirby à travers les grandioses aventures de Thor. DC de son coté met en avant des jeunes Titans qui s’émancipent de leurs aînées sous la houlette de Marv Wolfman et George Pérez.

Et Flash ? Aux commandes du titre depuis 1971, Cary Bates va pousser le personnage initiateur de l’âge d’argent dans ses derniers retranchements au point d’en faire la parabole des changements que subit un genre bientôt prêt à passer définitivement dans une nouvelle ère. Si Barry Allen avait déjà eu son lot de malheurs avec la mort d’Iris dans The Flash #275, c’est à partir de 1983 dans The Flash #323 (Run Flash, run for you wife) que Bates va passer à la vitesse supérieure, aidé en cela par Ernie Colón, un éditeur peu expérimenté laissant passer ce qui pourrait être impensable fut un temps, et par le retour (depuis The Flash #296) du dessinateur mythique de la série : Carmine Infantino.

 


 

 

Cocréateur du personnage, Infantino n’a rien perdu de sa superbe, bien au contraire. Son dessin est d’une modernité sans faille et rivalise avec les planches de Walter Simonson. Porté par une aventure sans commune mesure, il va offrir parmi les meilleurs passages de la série et montrer un Flash dépassant, comme jamais auparavant, ses limites. La course poursuite infernale contre le Reverse-Flash, le sauvetage de Peter Farley, le résultat du combat contre Big Sir etc. sont tout autant de sommets d’une histoire qui accumule les péripéties. Fidèle à sa réputation, Flash ne s’arrête jamais ! Pour cela, Cary Bates va accompagner son intrigue principale d’une multitude d’histoires secondaires mettant en valeur l’univers du héros et empêchant le rythme de retomber une seule seconde.

 


 

 

En faisant de Flash un meurtrier, le scénariste brise le code moral même du personnage et du genre. L’intelligence des histoires suivantes sera d’en illustrer toutes les conséquences au sein d’une ville entretenant un rapport bien particulier avec un héros, non pas craint à la manière d’un Batman, mais totalement aimé jusqu’à en avoir son propre musée. Que ce soit ses amis, ses parents, sa fiancé (qui ne se relèvera pas de l’épreuve et sombrera dans la folie), ses collègues encapés (magnifique moment où le vote de Superman pour l’exclusion de Flash de la Ligue de justice tranche totalement avec ce qu’on attendrait de lui) ou bien encore ses ennemis, tous seront traités avec brio faisant de ces épisodes un véritable best-of de toute la série.

 


 

 

Malheureusement boudé par le public, Le Procès de Flash sera tout autant un périple pour le héros que pour son auteur. Face aux mauvais chiffres de ventes, la décision est prise d’arrêter le titre. Par ricochet, Flash devient également le choix idéal pour un sacrifice dans la grande saga alors en cours chez DC. Sachant la fin venir, Bates ne déviera pas de sa ligne et offrira un final magnifique entre la sortie magistrale à la Rogue gallery et une belle récompense pour Barry Allen pouvant enfin se reposer……. pour un bref temps. Un mois après la conclusion de la série (The Flash #350) paraît Crisis on Infinite Earths¹ #8 dans lequel le grand héros allait montrer tout son courage afin de contrecarrer l’Anti-Monitor et cela jusqu’à y laisser sa vie.

Inédit en France et réédité aux USA dans un showcase (édition épaisse contenant un nombre important d’épisodes en noir et blanc) aujourd’hui épuisé, Le Procès de Flash reste un des très grands moments de la série et du personnage. À son crépuscule, le tandem Cary Bates/Carmine Infantino ont offert un des finals les plus brillants (à la hauteur du Whatever Happened to the Man of Tomorrow d’Alan Moore) pour l’un des plus grands super-héros. On espère vraiment que DC Comics, puis Urban, publieront dans le futur cette grande histoire.

 

 




Texte initialement publié sur le site du Daily Mars, le 26/02/16

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